[Test] I Am Your President

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[Test] I Am Your President

Sorti discrètement sur PC puis sur consoles, I Am Your President, développé par President Studio et édité par PlayWay/Ultimate Games, s’inscrit dans la trop petite famille des simulateurs politiques. Il ambitionne de mettre le joueur dans la peau du président des États-Unis, pour un mandat oscillant entre décisions budgétaires, choix géopolitiques et gestion d’équipe. Mais derrière cette vision ambitieuse se cache un jeu au positionnement relativement flou, à la fois satire cynique de la politique contemporaine et simulateur à moitié assumé.

Le jeu débute avec un prologue humoristique et caricatural sur l’ascension improbable du protagoniste jusqu’au bureau ovale. Une série de tests détermine son affiliation politique et ses objectifs. Le ton est volontairement irrévérencieux, entre références à des scandales présidentiels et clins d’œil à des figures comme Trump ou JFK. Le tout est présenté à travers une interface en vue subjective et des décors très statiques, illustrés par des photos découpées mal animées. Ce cadre pose immédiatement le style du jeu : une satire grotesque, parfois lourde, mais qui assume une certaine dérision. Le problème, c’est que cette intention humoristique ne s’accompagne pas toujours d’une mécanique de gameplay convaincante.

[Test] I Am Your President

Le cœur du jeu repose sur des décisions à prendre quotidiennement, chacune affectant six jauges principales : société, politique, industrie, économie, armée, diplomatie. Il faut éviter qu’une de ces jauges tombe à zéro, sous peine de perdre la partie. On signe des projets de loi, donne des interviews, choisit ses réponses en conférence de presse, répartit les points d'action dans des projets (santé, défense, éducation, etc.) ou dans des relations internationales. Le jeu intègre également une carte du monde, permettant de mener des actions variées selon le degré de relation diplomatique avec chaque pays : commerce, espionnage, implantation de bases militaires, voire invasion. Des mécanismes supplémentaires enrichissent cette expérience : rédaction de discours à la carte, publications sur un réseau social parodique, gestion de crises, nomination des membres du cabinet… Sur le papier, l’ambition est réelle. Mais dans les faits, la plupart de ces mécaniques sont soit trop superficielles, soit très mal expliquées, soit rapidement redondantes.

Mais la première grosse faiblesse du jeu est l’interface, lourde, confuse, lente, peu ergonomique et inadaptée sur console. Le portage depuis le PC semble bâclé, se contentant d’un curseur contrôlé au stick analogique, rendant les actions fastidieuses. Certaines informations sont illisibles ou absentes, notamment sur la carte du monde. Les conséquences de certains choix apparaissent arbitraires ou peu claires. Et les bugs ou imprécisions, comme des termes mal orthographiés, renforcent le sentiment d’un jeu mal fini.

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Les projets politiques sont limités à quatre par catégorie, même en second mandat, ce qui nuit à la progression. Quant aux crises, elles sont trop peu interactives : on en subit les effets sans possibilité de véritable gestion dynamique. La boucle de gameplay devient alors rapidement mécanique : sélectionner une option, observer une variation de statistiques, recommencer.

Le ton humoristique est l’une des promesses centrales du jeu. Les dialogues sont truffés de répliques absurdes, de situations grotesques et de parodies plus ou moins fines des tensions géopolitiques actuelles. Des choix exagérés sont proposés : construire un mur, surveiller les réseaux sociaux, répondre à une fuite de “nudes” d’un dirigeant étranger… Certaines scènes prêtent à sourire, d’autres tombent à plat ou lassent par leur outrance. La satire s’inspire beaucoup de clichés et de mèmes politiques récents, avec une nette prédominance de références aux États-Unis de Trump. Cela limite l’universalité du propos, et la finesse de l’analyse politique reste très discutable.

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Plusieurs critiques soulignent que le jeu donne l’impression de se moquer de la politique sans réellement en comprendre les mécanismes. Il y a peu ou pas de reconnaissance du Congrès, de l’opposition parlementaire, ou des subtilités du pouvoir exécutif américain. Les alliances, les oppositions idéologiques, les pressions des lobbies ou des médias sont abordées de manière anecdotique. On est loin d’un Suzerain ou d’un Democracy, où les ramifications politiques sont profondes et crédibles.

L’un des traits qui me paraissait les plus intéressants du jeu, malgré ses défauts, est la manière dont il pousse le joueur à faire des compromis parfois contraires à ses principes. Un joueur souhaitant investir dans l’énergie verte et la santé publique pourra se voir obligé de réinvestir dans l’armée pour ne pas perdre la partie. Le jeu introduit alors une tension réaliste : on ne peut pas contenter tout le monde. Mais cette contrainte n’est pas toujours justifiée par une logique politique crédible. Elle apparaît souvent comme un simple levier mécanique de gameplay, frustrant plus qu’elle ne stimule la réflexion.

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Graphiquement, I Am Your President est très rudimentaire : décors fixes, personnages en carton, animations rigides. Certains y voient une volonté stylistique assumée, à la Monty Python, d’autres une paresse de développement. Le son est correct sans être marquant, et la musique, bien que modeste, colle à l’ambiance. L’ensemble confère une atmosphère étrange, presque absurde, qui peut séduire ou rebuter selon la sensibilité du joueur. Objectivement, j’ai connu des visual novel amateurs intégrant de la gestion bien plus aboutis…

Le potentiel de rejouabilité repose sur les nombreuses possibilités d’orientation politique (progressiste, autoritaire, centriste…), de projets à mener et de réponses différentes aux événements. Mais les limites mécaniques (interface, manque de profondeur des scénarios, scripts figés) nuisent à cette promesse. Plusieurs critiques soulignent qu’ils n’ont pas eu envie de relancer une deuxième partie, tant les sensations se répètent rapidement.

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En tant qu’amatrice de simulateurs politiques, je trouve I Am Your President à la fois prometteur et terriblement frustrant. L’idée de départ est séduisante : mettre en scène les dilemmes d’un chef d’État avec une touche de sarcasme. Mais cette promesse reste à moitié tenue. Le jeu hésite constamment entre la parodie et le sérieux, sans jamais choisir clairement. Les mécaniques de gestion sont superficielles, la satire souvent appuyée et parfois datée, et l’interface complique inutilement la progression.

Cela dit, I Am Your President n’est pas sans mérite. Il parvient, par moments, à faire sourire. Il ose traiter de sujets contemporains sensibles (santé, immigration, diplomatie, militarisation) avec une certaine irrévérence, et tente de simuler la complexité de la fonction présidentielle, même maladroitement. Il pourrait constituer une bonne porte d’entrée pour des joueurs curieux du genre, sans se prendre trop au sérieux.

Mais face à des titres comme Suzerain ou même Tropico (un exemple parfait d’interface complexe réussie), bien plus équilibrés et immersifs, il fait pâle figure. Son potentiel reste bridé par des choix de design discutables, un humour inégal et une réalisation technique datée.

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Finalement, I Am Your President est un jeu hybride, à la croisée de la simulation politique et de la satire absurde. Il intrigue, amuse parfois, mais déçoit souvent. Faute de profondeur et de finition, il ne parvient ni à convaincre comme simulateur, ni à faire mouche comme satire. On en ressort avec l’impression d’un projet inabouti, qui pourrait s’améliorer avec des mises à jour, mais qui en l’état, peine à captiver durablement. Dommage qu’il soit sorti sur console si vite.

Article rédigé par Mlle_Krikri

 



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