[Test] Slaves of Rome
Rome, sexe et pixels. C'est avec cette promesse que "Slaves of Rome", jeu indépendant développé par Biggus Diccus Games, s'impose comme l'un des projets les plus discutés de la sphère des jeux adultes en 3D. Lancé initialement sur Patreon puis distribué sur Steam (catégorie adulte) et VRPorn, le titre entend mêler simulation historique, érotisme hardcore et expérience VR immersive. Un pari aussi audacieux que risqué, tant sur le plan technique que moral. Alors, époustouflant coup de génie ou plongée maladroite dans un fantasme douteux ?
Un contexte historique à peine effleuré
20 après Jésus-Christ. Un ancien soldat romain, devenu marchand d'esclaves, cherche à reconstruire sa fortune à Rome. Tel est le pitch de départ. Les développeurs ont glissé quelques références historiques vérifiables — Servius Sulpicius Galba, futur empereur, est mentionné comme praetor — mais l'essentiel de l'époque est traité de façon superficielle. Là où l'on aurait pu attendre un véritable travail de reconstitution, "Slaves of Rome" choisit le décoratif : costumes d'inspiration antique, villas aux colonnes doriques, et un anglais moderne parlé par tous.
Rome n'est ici qu'une toile de fond exotique, servant à justifier des dynamiques de pouvoir sans réelles précautions historiques.
Un gameplay qui a le mérite d'exister
À défaut d'être précis historiquement, "Slaves of Rome" surprend par la relative profondeur de son gameplay. Car sous ses apparences de "The Sims" dévoyé, le titre cache une véritable mécanique de progression :
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Achat et vente d'esclaves via une maison de vente aux enchères en ligne.
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Arbres de compétences individuels pour chaque esclave.
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Sessions de formation combinant punitions et récompenses.
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Temple de transformation offrant des modifications physiques diverses.
Ce cycle de capture, formation, exploitation et revente évoque presque des jeux de gestion classiques. Mieux : la progression économique et les améliorations de compétences offrent au joueur une boucle de jeu engageante.
Cependant, l'absence d'une véritable narration ou de dilemmes moraux réduit cet effort à une simple répétition mécanique. Chaque esclave devient une fiche de statistiques à optimiser, privant le gameplay d'une quelconque épaisseur humaine ou dramatique.
Sexe, pouvoir et malaise
Le coeur de "Slaves of Rome" est sans ambiguïté : mettre en scène des relations de domination sexuelle. Le contenu BDSM assumé — flagellations, éducation sexuelle, transformations physiques — est présenté comme un simple instrument de gameplay.
Si les développeurs parlent de "BDSM consensuel", il est important de noter que, dans l'univers diégétique du jeu, les esclaves n'ont pas de volonté propre. Ils obéissent par mécanique, sans jamais exprimer d'accord explicite. Une approche qui frôle dangereusement la banalisation de pratiques dégradantes non consenties, même sous couvert de fantasme.
Le malaise s'accentue lorsque l'on considère que certaines transformations déshumanisent presque les personnages, transformant des êtres censés être "vivants" en objets modelables à volonté.
Graphismes et technique : le savoir-faire indéniable
Graphiquement, "Slaves of Rome" tire son épingle du jeu. Animé par Unreal Engine, il propose :
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Des modèles 3D variés et détaillés.
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Des décors romains convaincants, même s'ils restent stéréotypés.
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Des animations correctes, malgré quelques maladresses (personnage principal sautant bizarrement).
Le niveau de finition est largement supérieur à la moyenne des jeux pour adultes, souvent à peine jouables.
Côté stabilité, le titre se défend bien, même si quelques bugs subsistent. La démo, limitée en contenu sexuel, donne un bon aperçu du potentiel technique de l'ensemble.
La version VR, en revanche, est plus problématique : ajoutée tardivement, elle reste partielle et imparfaitement intégrée. Seules certaines scènes sont compatibles, et l'immersion s'en ressent.
Le jeu est proposé à un prix abordable et fait l'objet d'une politique de mises à jour régulières annoncées par les développeurs.
"Slaves of Rome" ne cherche pas à plaire à tout le monde. Il vise :
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Les amateurs d'érotisme hardcore acceptant une représentation caricaturale.
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Les fétichistes de la domination/soumission.
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Les joueurs adultes en quête d'un RPG érotique mieux réalisé que la moyenne.
En revanche, il rebutera :
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Les puristes historiques.
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Les joueurs sensibles aux enjeux éthiques.
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Les amateurs d'histoires complexes ou de personnages développés.
Conclusion : audace, limites et controverse
"Slaves of Rome" est un projet à la fois courageux et hautement discutable. Techniquement abouti pour un jeu adulte, il propose un gameplay plus solide que la majorité de ses concurrents. Mais il souffre d'une approche moralement légère d'un sujet explosif, d'une superficialité historique déconcertante, et d'une version VR encore à améliorer.
Si l'on accepte le jeu pour ce qu'il est — un pur exutoire érotique dans un décor de fantaisie romaine — alors il peut valoir le détour. Sinon, il incarne les dérives classiques d'un genre qui peine encore à conjuguer maturité thématique et qualité ludique. Un potentiel certain, mais à manier avec discernement.
A noter la sortie prochaine d’un titre de Pirate un peu plus “libertin” qui devrait palier les manques de Slaves of Rome.
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