[Test] To Hell With The Ugly
To Hell With The Ugly est un jeu très graphique. Je suis tentée de dire assez étrange. Il faut dire que quand on en connait l’inspiration on comprend tout, ou presque. To Hell With The Ugly (THWTU) n’est rien d’autre que le titre anglais d’un roman de Vernon Sullivan : “Et on tuera tous les affreux”. Vernon Sullivan n’est autre que le pseudonyme de Boris Vian, auteur torturé et provocateur du siècle dernier. C’est assez drôle qu’un jeu vidéo français prenne le nom anglais pour adapter une histoire d’un auteur français du rang de Boris Vian.
Bref, c’est du lourd, du sombre et du torturé. THTWU nous plonge dans la mésaventure cauchemardesque de Rock Bailey, un jeune homme d’une vingtaine d’année dans un Los Angeles dépravé. Fier d’avoir conservé sa vertu, ce beau jeune homme fait fureur dans les clubs de jazz qu’il fréquente régulièrement. Forcément immersif de par son origine, ce titre nous plonge dans le L.A. de l’après guerre entre interdits et libertés. Forcément, les repères ne sont pas les mêmes, le beau gosse sans expérience fait rêver… il est jalousé, envié et désiré. Mais en plus de cela, il en joue… Et c’est là que les choses se compliquent… Car aussi vertueux soit-il, notre héros apparait tout de même comme une bonne grosse tête de c… Difficile de s’attacher au personnage donc, mais c’est voulu. C’est toute la magie qui réside dans ce jeu narratif très intelligent. Un peu intello sur les bords (il est estampillé ARTE, hein !) mais vraiment très bien fait.
Alors que notre beau gosse joue son rôle à merveille dans son club préféré, il rencontre un malfrat dans une ruelle sombre et finit kidnappé, drogué et quelque peu abusé, mais je n’en dirai pas plus.. A la suite de cela l’histoire débute sur une enquête à la suite d’un meurtre dans le club de jazz. On se plonge dans la L.A. noire… (jeu de mot inside…). Bien entendu, je ne dévoilerai rien de plus sur l’intrigue mais sachez que c’est un vrai roman qui est mis en image avec soin, intelligence et le souci du détail. On comprend facilement comment les dévs ont travaillé. Il y a eu un décorticage pas à pas de l’œuvre littéraire pour la mettre en image.
Tout cela donne une ambiance unique à ce jeu narratif. Il y a une mise en scène incroyable. La dynamique du jeu est vraiment excellente. On ne s’ennuie pas par contre les affrontements sont un peu chiants j’avoue que je n’ai pas tout compris. C’est toujours passé mais je ne suis pas satisfaite lorsque je ne comprends pas une mécanique comme celle-là. Après, c’est suffisamment rare pour être gênant d’une part et ce n’est vraiment pas l’essentiel du jeu, d’autre part.
Les textes sont excellent évidemment. Et le gameplay (au delà des déplacements et dialogues) est vraiment sympa, il y a de bonnes idées pour mériteraient d'être reprises dans des Visuals Novels d’enquête par exemple. Bon, en tout état de cause cela reste toujours assez littéraire. Pour autant, je ne me suis pas ennuyée à lire, je n’ai pas eu le sentiment d'être submergée comme dans Torment par exemple.
Alors, sachez cependant que je n’ai jamais pu saquer Boris Vian. Je n’ai jamais aimé la noirceur de son âme et son regard aigri sur le monde, l’humanité… De fait, je n’ai pas été surprise de la fin de To Hell With The Ugly… et je n’ai pas aimé. Pour autant, pour une fois, nous avons un jeu qui assume son style et qui le fait avec classe. Ce titre est peut être un peu intello pour un visual novel mais c’est un chef d’œuvre qui ne vous laissera pas indifférent.
Article rédigé par Mlle_Krikri
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