[Test] The Outer Worlds
Sur fond d’un complot interplanétaire, vous vous réveillez d’un long sommeil cryogénique pour faire la connaissance de ce qui s’apparente à un savant fou… Un genre Doc Brown qui vous explique qu’il vous a rempli les veines d’un produit hautement toxique pour vous maintenir en vie après un si long sommeil… malheureusement des effets secondaires seront à craindre… telle l’activation à la demande d’un mode Bullet Time (plus proche de Max Payne que de Fallout).
En un clin d’œil vous vous retrouvez embarqué sur un vaisseau avec un équipage en quête de vérités. Bon un clin d’œil c’est vite dit puisqu’il vous faudra une bonne vingtaine de minutes pour personnaliser correctement votre héros, du sexe à la couleur des cheveux en passant par l’arête du nez… Bref, y’a de quoi faire, surtout en termes de compétences et d’aptitudes. Cette personnalisation ne sera pas sans rappeler les écrans de création de personnages auxquels Obsidian nous aura habitué par le passé (Neverwinter Nights 2, Knight of The Old Republic)… Et là tout devient clair… Moi qui grognais devant la banalité des RPG actuels… Je ne m’attendais pas à m’émerveiller devant un RPG Old School.
Et c’est bien de cela dont il est question. The Outer Worlds affiche clairement son côté Vintage tant par sa charte graphique (qu’on rapprochera forcément de Fallout) que par son level design que l’on rapprochera de Kotor. Bien entendu, on ne pourra que s’émerveiller devant ces graphismes très soignés et détaillés. La référence au monde un peu (trop) « statique » de Kotor s’arrête là, même si on regrettera l’absence d’autonomie des PNJ contrairement à un Fallout. A part quelques rares exceptions tels les chemins de ronde des gardes ou déplacements aléatoires de monstres (animaux car les humanoïdes restent immobiles ou presque) le monde est très figé. C’est très dommage car les environnements peuplés étant assez rares, on aurait apprécié y voir un peu plus de vie. Est-ce à dire que l’IA est défaillante ? Non, je ne crois pas, c’est un parti pris qui n’est pas tellement gênant en fait. Cela simplifie grandement les choses. En effet, en bon RPG, TOW vous propose de nombreuses missions pigeon-voyageur et on a moins de mal à retrouver les donneurs de missions dans ces cas là…
Plongé dans le monde corporatiste et capitaliste d’Halcyon, vous allez devoir faire votre chemin, poursuivre votre quête de vérité et agir pour la vérité (ou pas). Un peu comme un Kotor vous allez devoir faire des choix cornéliens dont les intrications ne seront pas forcément visibles à court terme… Vos membres d’équipages (6 à ma connaissance) seront là pour vous aider dans vos décisions. Conseiller d’un côté, donneur de quête de l’autre, chaque membre d’équipage dispose de sa propre histoire. A ma connaissance, ils ne sont pas romançables… dommage ! En outre, pas de surprise, on retrouve les mêmes archétypes que l’on a déjà croisé dans Mass Effect ou dans les Kotor… Bon, après il peut sembler difficile d’être novateur en la matière mais bon… j’avoue que je m’attendais à un peu plus. Mais m’est avis qu’un DLC avec de nouveaux personnages, de nouvelles planètes et de nouvelles missions débarquera prochainement. Si je dis ça ce n’est pas innocent car pour tout vous dire après un Week end de jeu intense, j’ai terminé le jeu et toutes les missions qui m’étaient affectée, atteint le niveau 30 et… il me restait un membre d’équipage à découvrir et 3 (voire 4) planètes à visiter (elles m’étaient fermées d’accès). Du coup, je me suis dit que ce serait accessible après… Eh bien non… une fois la quête finale de vérité initiée, pas de retour arrière possible pas de sauvegarde finale, pas de mode « Plus » pour continuer ou recommencer le jeu avec quelques acquis… Très grosse déception car la fin n’est qu’une succession d’écrans aux descriptions textuelles laconiques qui vous expliquent les conséquences de vos actes… On se dit bon allez, je me le refais… et puis non… même si le jeu semble assez court, on n’a pas forcément envie de tout reprendre depuis le début…
Est-ce à dire que le jeu ne mérite pas le détour ? Bien sur que non, mais on regrettera tout de même qu’un jeu aussi étoffé soit aussi court. Car le jeu fourmille de détails d’anecdotes… de maisons à visiter, d’inventaires à vider… d’armes et armures à équiper, customiser… mais on a quand même le sentiment que tout cela n’est que cosmétique, qu’équiper une armure niveau 28 fait le même effet que de se battre en slip… tout comme les armes…
La problématique est la même avec l’équipage, on se demande si tout cela ne sert pas d’habillage à l’ensemble ? N’est-ce pas purement décoratif ? Car avec ou sans équipier les combats sont tout aussi faciles… sauf peut être lorsque deux packs de mobs (en général 2x3) sont aggro simultanément et que vous êtes encerclés. Mais cela ne m’est arrivé que deux fois en à peine 20 heures de jeu… Et c’est peut-être là le problème… 20 heures de jeu pour explorer un univers aussi détaillé en apparence, c’est peut-être un peu léger. Certes les vieux de la vieille optimiseront les trajets, grouperont les missions… mais cela ne fait pas gagner 10 heures de jeu… Après, tout dépendra aussi de votre capacité à lire vite… Car sans faire de concurrence à Planescape Torment, TOW reste quand même très riche en texte, de fait il y a énormément de contenu à lire et c’est un pur régal. D’autant que les choix sont assez nombreux et plus vous aurez de cordes (compétences) à votre arc et plus vous aurez de possibilité d’influencer les dialogues, les personnages et par voie de conséquence le cours de l’histoire.
De même, le mode de combat pouvant être alterné entre corps à corps et distance semble ne pas avoir beaucoup d’impact même si on appréciera les coups spéciaux des équipiers particulièrement dévastateurs… Malheureusement on a le sentiment que l’arme importe peu dans ces cas précis… Mais dans tous les cas, les équipiers semblent être un précieux atout dans votre aventure… Je dis semble car j’ai aussi apprécié jouer en solo (surtout pour tenter de recruter l’équipier que j’ai manqué semble-t-il…). Pour en revenir à vos acolytes, on apprécie les réglages (distances par rapport à vous, agressivité ou non…) qui permette de personnaliser le groupe et d’élaborer des tactiques (tanking essentiellement). On regrette cependant le côté bourrin de vos joyeux drilles qui mitraillent à tout va et peuvent faire de véritables carnages dans les affrontements urbains… J’ai eu quelques dommages collatéraux sur Byzance… Le contrôle des acolytes se fait comme dans Mass Effect avec le pavé directionnel, incluant la gestion des attaques, des replis et déplacements, ainsi que les attaques spéciales qui, curieusement lors de la quête finale ne fonctionnaient plus… Mais ce n’était pas bien compliqué de faire sans cette attaque y compris en utilisant l’équipement de base.
Ceci étant vous pouvez passer du temps à collecter de l’équipement de meilleure qualité tout comme les armes dites « scientifiques » aux effets hasardeux… et moyennant quelques optimisations ressemblant à du sertissage permettant l’adjonction d’effets spécifiques (augmentation de la taille des chargeurs, dégâts critiques, déplacements silencieux…). Bref ça ressemble quand même beaucoup à du Fallout. On retrouve la mécanique de collecte et de revente des loots... rien de très original. L'argent monte très vite en fait.
Côté ambiance et immersion, c'est assez magique, magnifique envoûtant... coloré... ah oui, très coloré... extrêmement coloré... On dirait du No Man's Sky... Bon après les graphismes sont très fin, très détaillés et on se prend rapidement à admirer les colonies... abandonnées. On regrettera qu'elles ne soient pas plus peuplées et plus originales. Certes on vous vante (par le biais de publicités lors des écrans de chargement) les bienfaits de la colonisation clé en main pour justifier que toutes les maisons sont identiques... Dans Fallout ça se ressemblait un peu d'une habitation à l'autre avec beaucoup de variantes, ici ça se ressemble beaucoup avec un petit peu de variantes... Enfin bref ça reste très beau quand même. Et les musiques sont exceptionnelles. Je suis fan, il me les faut ! :)
Bon après on appréciera la grande liberté d’action contrairement à Kotor par exemple. Si au début vous êtes coincé sur la première planète (pour apprendre à jouer en fait), vous pouvez rapidement explorer les planètes accessibles. On pourrait même se prendre au jeu d’aller farmer l’équipement de haute qualité… si les ennemis étaient un peu plus nombreux d’une part et si leur repop était un peu plus rapide d’autre part. Seulement les temps de chargements entre deux planètes sont tellement dissuasifs qu’on évite de se lancer là-dedans. Dommage !
Coté histoire, on s’immerge très facilement dans ce monde assez « réaliste » sur un plan sociétal. J’imagine bien la colonisation spatiale sponsorisée par Amazon, Google… c’est déjà le cas avec Space X alors pourquoi pas… On est en pleine lutte des classes, à la limite de Total Recall (le premier du nom merci !) les pauvres travaillent jusqu’à la mort pour enrichir les riches… Le complot interplanétaire et tellement énorme qu’il pourrait être vrai un jour… Découvrir ce scénario est vraiment un pur bonheur. La progression peut être ralentie ou accélérée d’une part selon vos choix et d’autre part selon vos actions… En effet, comme dans la plupart des jeux vous avez deux options : le mode soft intégrant diplomatie, furtivité ou le mode hardcore où vous tirez sur tout ce qui bouge… et pour une fois, il y a un véritable impact que l’on mesure à la fin de l’histoire… Donc sachez qu’à tout moment, vous avez le choix de recourir ou non à la violence.
Je parlais d’infiltration, c’est une fonction du jeu qui vous permet de vous déplacer d’un certain nombre de pas sans attirer l’attention. Il vous faudra trouver un « déguisement » ou plus précisément un badge d’accès, sachant que le déguisement vous est fourni par une sorte de protection holographique gracieusement offerte… (j’ai trouvé ça un peu trop téléphoné à mon goût et un petit didacticiel n’aurait pas été de trop…) Une fois la barre de déplacement vidée, une patrouille viendra vous intercepter et vous devrez vous en sortir au moyen d’une phase de dialogue (toujours identique… dans toutes les cessions d’infiltration, dommage). Puis une nouvelle barre de déplacement sera disponible. Vous pourrez recommencer l’exercice 3 fois (ce qui est énorme) sachant que la difficulté augmente à chaque dialogue (30/50/70 en gros). Ce qui m’amène à évoquer les seuils de difficultés. Habituellement en JDR, on dispose d’un score maximum que l’on oppose à un seuil de difficulté, ce qui fait que cela peut échouer même si vous êtes de niveau. Ici c’est différent le score donne l’accès au dialogue uniquement, il n’y a pas de suspense. Du coup, on est très vite tenté de respécialiser son personnage dans les dialogues puisqu’au combat les acolytes font tout le travail sans aucun mal. En plus les acolytes donnent de base des bonus qui sont augmenté par leurs propres talents (personnalisables au cours du leveling). Concrètement, vous comprenez très rapidement ce qui est utile et ce qui ne l’est pas.
Puisqu’on en parle le Bullet Time est TOTALEMENT inutile si vous jouez en groupe car généralement vos acolytes voient les ennemis avant vous. Enfin plus précisément, les ennemis vous voient avant que vous ne puissiez les voir et vos équipiers réagissent immédiatement… ils gèrent parfaitement sans vous.
Un peu répétitif (phases de jeu et missions sur les planètes assez identiques) malgré une durée de vie (trop) courte, The Outer Worlds reste un jeu très prenant (la preuve je l’ai fini dans le week-end !) passionnant, très détaillé, profond avec une vision (caricaturale certes) réaliste de la société. Je suis tentée de dire qu’on a envie d’y rejouer mais ce serait mentir car l’histoire est ce que nous en faisons, il ne s’agit pas de tester toutes les arborescences comme dans un Until Dawn ou Detroit : Become Human. Car ici les choix sont plus manichéens, binaires… Soit vous soutenez l’exploitation de l’homme par l’homme soit vous soutenez l’inverse… oh wait, mais qu’est-ce que je raconte :D
On sent bien un humour très particulier dans ce jeu, voire cynique. On est quand même loin de l’humour décalé de Fallout, et encore plus loin de l’humour plus fin de Mass Effect. C’est autre chose et ce n’est pas forcément une mauvaise chose si cela fait réfléchir. Personnellement, même si je semble très critique, j’ai adoré ce jeu, je l’ai dévoré et j’ai même envie de me refaire Kotor c’est pour dire ! Le seul point noir c’est sa durée trop courte avec l’absence de sauvegarde finale pour continuer la partie. On reste un peu sur sa faim surtout lorsqu’on voit des mondes nommés inexplorés et inaccessibles… Franchement si c’est en prévision d’un futur DLC, c’est un pur scandale et si on peut passer à côté d’autant de contenu alors il manque un truc capital au jeu… à bon entendeur…
Article rédigé par Mlle_Krikri
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