[Test] Pirates VR : Jolly Roger
Curieuse, j’ai enfilé mon casque VR sans grandes attentes. Quelques heures plus tard, j’étais devenue capitaine d’un navire, en quête de trésors sur une île oubliée. Pirates VR: Jolly Roger, c’est bien plus qu’un simple jeu de pirates. C’est une échappée visuelle, un petit bijou d’ambiance, et une ode à l’aventure qui m’a surprise, émerveillée, et parfois même fait rire aux éclats grâce à un certain compagnon à plumes un peu trop bavard…
Dès les premières minutes de jeu, j’ai compris que Pirates VR: Jolly Roger ne se contentait pas de cocher les cases habituelles des jeux VR. Il adopte une approche qui privilégie la découverte et l’expérimentation. Et contrairement à mes attentes, il n’y a rien en commun avec la série de Fisherman's Tale.
Ce que j’ai aimé avant tout, c’est le rythme. Ni trop lent, ni trop frénétique. Le jeu vous propose une progression linéaire, certes, mais ponctuée de nombreuses séquences variées : exploration, résolution d’énigmes, petits combats tendus et phases de plateforme rudimentaires mais bien intégrées. On grimpe, on nage, on glisse sur des cordes... Le tout donne l’impression d’être réellement physiquement engagée dans l’aventure. L’un des moments les plus marquants : une serrure rouillée sur un coffre verrouillé. Il fallait trouver un outil improvisé pour l’ouvrir. Après un détour par les fonds marins (avec une belle surprise en chemin), j’ai assemblé une pioche de fortune à partir de deux objets trouvés séparément. Une satisfaction authentique, car rien ne m’a été mâché. Ce sentiment de découverte, cette joie de bricoler soi-même les solutions, c’est rare, surtout en VR. Pour le coup, j’ai adoré ce petit côté Monkey Island.
Le système d’inventaire, qui s’ouvre sous forme de menu flottant, n’est pas des plus immersif, mais il reste fonctionnel. Il permet d’éviter les contorsions physiques parfois pénibles en VR, surtout pour celles et ceux qui préfèrent jouer assis. Et il faut saluer l’intelligence du design : tout est pensé pour que l’expérience reste fluide, intuitive et sans difficulté majeure. Rien ne se trouve hors champs et c’est déjà pas mal…
Le level design de Jolly Roger repose sur une série d’environnements interconnectés, soigneusement agencés pour maximiser l’exploration. À chaque recoin, une surprise : un chemin caché, une grotte noyée dans la brume, une pierre étrange qui émet un bourdonnement mystérieux. Le jeu regorge de découverte. J’ai été particulièrement impressionnée par l’usage des repères visuels. Une mousse verte signale les prises d’escalade, des symboles nordiques dessinés à même la roche offrent des indices ésotériques. Sans être au niveau de Call of the Mountain, on s’approche d’un gameplay aussi bien pensé. Et comme dans Call of the Mountain, il ne s’agit pas simplement de traverser un niveau, mais d’apprendre à le lire, à l’interpréter. L’île devient un personnage à part entière, pleine de secrets. Un régal… Certes, l’aventure, comme je l'évoquais, reste linéaire dans sa progression générale. Mais ce n’est jamais contraignant. Chaque détour que j’ai fait, m’a offert une récompense : une pièce d’or, une fiole d’huile, un passage plus court. L’exploration est encouragée, et souvent gratifiée. Et ça, pour une amoureuse de la collecte d’objets comme moi, c’est un pur bonheur.
Graphiquement, Pirates VR: Jolly Roger m’a coupé le souffle à plusieurs reprises. J’ai visité bien des mondes en réalité virtuelle, mais rares sont ceux qui parviennent à transmettre une telle chaleur, une telle texture. Je dois dire que le jeu est dans mon top 3 derrière Star Trek Bridge Crew et Call of the Mountain (Zero Dawn). Alors j’insiste sur le fait que ce n’est pas le rendu qui m’a subjuguée mais son esthétique. Car effectivement, si vous cherchez un réalisme absolu, vous vous êtes trompé de jeu.
Les plages sont baignées de lumière, les cavernes ruisselantes d’ombres mouvantes, et les fonds marins vibrent de couleurs surnaturelles. L’attention aux détails est manifeste : mousses sur les rochers, reflets mouvants sur l’eau, jeux de lumière qui percent les feuillages. Même les squelettes ennemis, avec leur lueur verte sinistre, participent à cette atmosphère à la fois onirique et inquiétante. Bon après, tout n’est pas parfait… Certains modèles de personnages sont un peu ratés. De plus mon avatar n’est visible que dans le menu, et ses mains sont des modèles symétriques. Mais honnêtement, ce sont des détails vite oublié face à la beauté des environnements.
Mon expérience s’est faite sur PS5 classique, et j’ai pu constater que le moteur de Jolly Roger avait encore besoin d’un peu d’optimisation. De légers ralentissements sont survenus dans les scènes les plus chargées, notamment dans les zones avec beaucoup de particules ou d’effets de lumière dynamique. Rien de catastrophique cependant. Le jeu reste parfaitement jouable, fluide la majorité du temps, et je n’ai rencontré aucun crash. Quelques bugs mineurs sont à signaler si l’on tombe dans une zone non prévue sans pouvoir sauter, et là, il faut charger la précédente sauvegarde…
L’un des éléments les plus réussis du jeu, à mes yeux, c’est sa bande-son. Subtile, inquiétante, presque éthérée. Elle se déclenche souvent au bon moment, intensifiant l’exploration ou annonçant un danger à venir. Elle n’impose jamais une ambiance grandiloquente. Au contraire, elle joue sur l’isolement, l’étrangeté. Les effets sonores participent aussi pleinement à l’immersion. Les craquements d’os des squelettes, les éclaboussures dans les grottes marines, les bourdonnements étranges des artefacts maudits… chaque son est net, bien spatialisé, et aide à s’orienter ou anticiper un événement. Mention spéciale pour le perroquet, votre acolyte vocal. Il vous guide, vous commente, vous charrie. J’ai souri plus d’une fois à ses piques moqueuses. C’est un élément comique qui, au lieu de lasser, donne du caractère au jeu. Ca donne un petit côté Monkey Island que j’adore.
Ce qui m’a réellement séduite dans Pirates VR: Jolly Roger, c’est le plaisir pur de s’y perdre. Ce n’est pas un jeu à la durée de vie immense (comptez 4 à 5 heures pour la campagne), mais il remplit parfaitement son rôle : nous faire rêver, explorer, s’émerveiller. Je dois dire qu’il m’a rappelée mes premières sessions VR, quand chaque mouvement semblait magique. Le fait de devoir recharger son arme en l’approchant d’une sacoche à la taille, ou d’utiliser une lanterne pour révéler des symboles invisibles, tout cela participe à une sensation physique, sensorielle.
L’intrigue est minimaliste : on incarne un capitaine anonyme à la recherche du trésor de Davy Jones sur une île maudite. Mais ce schéma, aussi simple soit-il, fonctionne à merveille. Il donne un cadre aux énigmes, aux pièges, aux rencontres surnaturelles. L’univers mêle piraterie classique et éléments ésotériques d’inspiration nordique (runes, artefacts mystiques…). Cela peut paraître incohérent d’un point de vue historique, mais j’ai trouvé cette liberté artistique rafraîchissante. Elle donne au jeu un ton unique, presque “fantasy caribéenne”. La narration est discrète mais présente : le décor parle, les peintures murales racontent, les objets éveillent la curiosité. Ce n’est pas un jeu bavard. Il vous laisse vous immerger, à votre rythme, dans son monde.
Pirates VR: Jolly Roger n’est pas parfait. Il pêche (sans mauvais jeu de mot) parfois sur des éléments techniques ou des combats simplistes. Mais il compense largement par son ambiance, son univers, et le plaisir qu’il procure à chaque minute passée dans ce monde ensorcelant. Oui, les combats sont simples. Oui, les ennemis manquent de variété. Mais ce n’est pas un jeu de duel ou de stratégie. C’est un jeu d’aventure, au sens noble du terme. Il se vit comme une histoire à la première personne. Et dans ce rôle, il excelle.
Pour moi, c’est un excellent moment de VR même si l’aventure est un peu trop courte à mon goût. C’est un voyage, une parenthèse, une bulle d’exotisme et de mystère. Et surtout, c’est une preuve que même sans budget colossal, on peut faire rêver, vibrer et sourire. Bravo (oui c’est un coup de foudre !)
Commenter cet article