[Test] Imagine Earth

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[Test] Imagine Earth

Imagine Earth est un city-builder spatial entre expansion capitaliste et survie écologique. J’ai adoré découvrir ce titre bien qu’il soit sorti il y a une petite décennie… Sorti en version complète après plus de dix ans de développement, Imagine Earth est un jeu de stratégie et de simulation développé par le studio indépendant allemand Serious Bros. Ce projet est né en 2009 d’un simple travail étudiant pour devenir une œuvre ambitieuse : proposer une vision ludique, mais sérieuse, des défis environnementaux qui attendent l’humanité au XXIᵉ siècle​.

L’histoire de Imagine Earth se déroule en 2084. L’humanité, ayant épuisé les ressources de la Terre, se lance dans la colonisation d'autres planètes. Le joueur incarne un employé d’une petite entreprise de colonisation, en concurrence avec de grandes corporations avides de profits​. La tâche est double : développer rapidement une colonie prospère tout en veillant à préserver l’équilibre écologique de la planète. Cet équilibre est vital : une pollution excessive mène à des catastrophes naturelles telles que tempêtes tropicales, montée des eaux ou désertification​.

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À première vue, Imagine Earth reprend des mécaniques qui seront familières aux amateurs de builders comme Civilization ou Anno. Alors oui, les mécaniques sont classiques, mais enrichies d'une dimension éthique, et ça j’ai adoré. On démarre sur une carte en hexagones (ou plutôt en cellules triangulaires) en posant un centre-ville, puis en développant des infrastructures : fermes pour la nourriture, centrales pour l’énergie, zones d’habitation pour attirer des colons​.

Mais là où Imagine Earth innove, c’est dans son insistance constante sur l’impact écologique des décisions. Chaque bâtiment a un coût en argent, mais aussi un coût environnemental : émissions de CO₂, pollution, consommation énergétique​. Ignorer ces facteurs peut provoquer des conséquences immédiates : montée du niveau des mers, perte de territoires, catastrophes naturelles. Contrairement à d’autres jeux où l'on peut laisser des villes en difficulté sans trop de pénalité (Civilization VI, par exemple), Imagine Earth rend les effets du dérèglement climatique inévitables et sévères​. Bref, c’est super complet et très bien pensé pour donner au développement durable un élément clé du gameplay.

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Le cœur du gameplay repose donc sur une tension permanente : faut-il privilégier l'expansion économique rapide, au risque de détruire l'environnement, ou ralentir pour développer une croissance plus durable ? Le jeu propose une mécanique ingénieuse de tech licenses : pour débloquer de nouvelles technologies, il faut acheter des licences détenues par d’autres corporations, ou augmenter le score écologique et social de sa colonie​. Ce système limite volontairement les options technologiques, obligeant à faire des choix stratégiques plutôt que de tout développer à la fois.

Par exemple, choisir d'investir tôt dans des éoliennes et des fermes biologiques réduit l'empreinte carbone mais peut freiner la croissance immédiate de la colonie. À l’inverse, miser sur des centrales à charbon booste rapidement la production... au prix d'une catastrophe environnementale à moyen terme. Ce dilemme permanent donne au jeu une profondeur que peu de city-builders parviennent à atteindre​.

Dans Imagine Earth, on n'est jamais seul sur une planète. D'autres entreprises concurrentes tentent également d’exploiter les ressources. Il est possible d'interagir avec elles via des échanges commerciaux, des alliances, ou des guerres économiques via le marché boursier : acheter progressivement les actions d’un rival permet, à terme, de le racheter​. Mais là aussi, le tout est compliqué par l’état écologique de la planète : polluer pour devancer les autres peut aussi provoquer sa propre chute.

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Un mécanisme particulièrement intéressant est celui d'une assemblée régulière où les compagnies votent pour imposer des régulations (exemple : taxer le charbon, favoriser les énergies renouvelables). Cela pousse les joueurs à s’impliquer dans la politique globale de la planète​.

Le jeu propose plusieurs modes : campagne narrative d’environ quinze heures, mode Compétition contre l’IA, mode Infini pour un sandbox sans pression, et même un éditeur de planètes​. Si la diversité est louable, plusieurs critiques pointent une interface parfois confuse et un tutoriel trop verbeux ou peu clair à certains moments, ce qui peut perdre les néophytes​.

Un exemple concret : le jeu mentionne très tôt la possibilité de recherche et d'amélioration des bâtiments, mais n'active réellement ces options qu’à la deuxième planète. Ce décalage entre l’explication théorique et la disponibilité réelle des fonctionnalités a déconcerté plusieurs testeurs​.

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Graphiquement, Imagine Earth est superbe. Chaque planète a son identité visuelle marquée : planètes glacées, volcaniques, océaniques... Les biomes sont variés et magnifiquement détaillés​. La bande-son est apaisante, renforçant cette impression de calme et de contemplation même lorsque les enjeux sont graves​.

C’est cette contradiction qui fait aussi la force du jeu : une tension de fond sur les choix stratégiques, mêlée à un habillage visuel et sonore reposant. Cela crée une expérience presque méditative par moments, où l’on construit en étant pleinement conscient des enjeux futurs.

Ce qui rend Imagine Earth vraiment unique, c’est son message. Là où d’autres jeux abordent l’écologie comme une mécanique secondaire (par exemple, SimCity ou Civilization VI), ici, la durabilité est le cœur du gameplay. Le jeu ne se veut pas moralisateur, mais par ses mécaniques, il impose naturellement une réflexion sur les conséquences de nos actions​.

Le choix n’est pas posé en termes manichéens (protéger ou détruire), mais en termes de gestion de compromis réalistes : accepter une pollution temporaire pour sauver une population en crise ? Freiner une expansion économique pour préserver une forêt indispensable à la biodiversité ? Ces dilemmes sont d’une étonnante maturité pour un jeu vidéo​.

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En définitive, Imagine Earth est une excellente surprise. Derrière des mécaniques classiques et une certaine rugosité d’interface, il propose une expérience de gestion unique, exigeante, et profondément en phase avec les grands défis contemporains. On ne va pas se mentir, l’interface reste assez lourde. Mais le jeu est porteur d’un vrai message égologique. Il incite à penser autrement l’expansion économique, non comme une fin en soi, mais comme un équilibre fragile entre développement et préservation​.

Pour les amateurs de Civilization, Endless Space, ou Anno, en quête d’un titre qui pousse la réflexion plus loin sans sacrifier le plaisir de jeu, Imagine Earth est une œuvre à découvrir absolument. Et je vous invite à jeter un œil sur le test du DLC !

Article rédigé par Mlle_Krikri

 



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