[Test] Neva
Est-ce que vous vous souvenez du jeu Gris ? Sorti en 2018, le premier jeu de Nomada Studios était une aventure courte mais incroyable, reprenant la thématique du deuil en l’illustrant d’une des plus belles façons possibles. Fort du succès critique de Gris, le studio part sur leur prochain jeu qui vient de sortir en téléchargement (nous sommes en Octobre 2024, la version physique du jeu sortira quelques mois plus tard) et s’intitule Neva. Est-ce que les Espagnols de Nomada Studios récidivent avec ce jeu, ou Gris sera toujours la référence du studio ? La réponse un tout petit peu plus bas !
Nous incarnons donc Alba, une jeune fille armée d’un katana, qui vit dans une forêt avec une maman louve et Neva, sa progéniture. Suite à une attaque de créatures maléfiques (rappelant les ennemis dans Heart of Darkness), la mère de Neva meurt en défendant Alba et son enfant. Nous suivons donc les deux rescapées tenter de faire leur deuil tout en essayant de survivre et de grandir dans ce monde sombre et mystérieux. L’aventure et le lien qui se crée entre Alba et Neva se développera tout au long des différents chapitres, regroupés en saisons (printemps/été etc…). L’histoire bien que cryptique est belle, optimiste, tout en faisant passer de nombreux messages et une belle morale. Elle vous fera enfin ressentir beaucoup de choses, et c’est un sacré travail de storytelling digne des plus grands films muets que de faire ressentir tant avec si peu. Donc bravo !
Encore quelque chose d’incroyable avec les développeurs de Nomada Studios, c’est que le jeu est très intuitif et tout autant facile à prendre en main. Vous disposez de trois points de vie, que vous pouvez recharger en combat en tapant les autres ennemis, mais aussi lors de différents checkpoints. Pour le jeu en lui-même il oscillera entre des phases d’exploration, d’énigmes relativement simples, mais aussi des phases de combats contre des ennemis classiques ou des boss ! En phases de plateforme, vous allez devoir être précis dans vos sauts, bien que le jeu soit très peu punitif. Durant les phases d’énigmes, vous allez devoir utiliser la compétence que vous venez d’obtenir dans le chapitre pour la maîtriser, tout en appelant Neva pour la guider ou vous aider par la suite. Et enfin dans les phases de combat, il vous faudra vous défaire de vos ennemis en les esquivant par le biais de roulade ou de ruées, pour contrattaquer avec votre épée ou avec Neva.
C’est simple, précis, efficace, c’est bien rythmé et équilibré, rien à redire de tout ça, l’équilibre est PARFAIT.
Pour l’aspect sonore du jeu, c’est également un sans-faute ! Alba nous fera ressentir différentes émotions quand elle appellera Neva (ce qui est marrant sur PS5 car le son de la jeune fille ressort également par la sortie sonore de la Dualsense) allant de la tristesse à la discrétion, augmentant l’immersion dans le jeu par le biais d’un seul mot : NEVA. Et c’est tellement beau qu’avec un seul mot et une intonation différente, on nous fasse ressentir un tel éventail d’émotions. Le tout agrémenté par une bande son incroyable avec d’une part des morceaux doux et mystérieux pour les phases d’explorations, et d’autre part des morceaux plus intenses pour les phases de combat, mettant encore plus l’emphase sur le côté chorégraphie des affrontements !
Il y a deux choses qui choquent quand on joue à Neva : la première c’est qu’on se sent transporté dans une esthétique Ghibli (avec de grands airs de Princesse Mononoké dont le jeu semble avoir puisé une grande partie de son inspiration) avec Alba, maniant son sabre, accompagnée de Neva, et affrontant une guerrière portant un masque. Mais aussi avec un aspect graphique surlignant cette dualité entre la vie et la mort, avec des couleurs vives et flamboyantes pour la vie, tandis que la mort aura des teintes plus grises et mornes. L’héroïne et la louve navigueront enfin dans des décors reprenant énormément de Gris (avec les escaliers et les autres salles de défis), mais l’ensemble lui donne vraiment une esthétique à part entière. C’est beau, c’est par moment tendre et chaleureux, tout comme ça peut être froid et brutal par moment. Le jeu fait aussi dans sa dernière partie une prise de risque dans des phases de plateforme un peu plus délicates avec des effets d’illusion et de trompe l’œil, vous demandant d’être bien plus attentif à ce que vous allez faire. Dans tous les cas, chapeau bas pour la direction artistique de Neva qui est sublime !
Il ne vous faudra que quelques heures pour terminer cette épopée, répartie en plusieurs chapitres couvrant les 4 saisons de l’année, ce qui est quand même relativement court, mais la durée du jeu se suffit en lui-même, tout comme Gris l’avait fait avant. Et bien qu’il y ait des fleurs à trouver dans les différents chapitres, ce à quoi les chasseurs de trophées pourront rajouter une ou deux heures pour tout avoir, la durée de vie est correcte, quand on la compare au message que le jeu veut nous faire passer.
Neva, comme Gris l’était avant, est un Ovni du jeu vidéo indépendant qu’il faudrait mettre entre les mains de tous les joueurs ! Avec son côté reprenant une esthétique des films Ghibli, des éléments visuels de Gris, et un côté onirique tellement agréable à parcourir, mais aussi son histoire qui nous est contée subtilement mais tellement efficacement, on prend plaisir à jouer au jeu tant il est simple, intuitif et captivant. Le seul bémol est qu’il reste trop court, bien qu’après avoir fait le jeu, un côté poétique nous attrape et peut nous aider à justifier cette faible durée de vie. L’important dans cette aventure n’est pas la destination, c’est le voyage en lui-même, et il est somptueux ! En résumé, un must have des jeux indépendants qui vaut vraiment le coup (et le coût) d’être fait, et ce seront vos 20 (ou 35 ou 55 si vous attendez la version physique) euros les mieux dépensés en rapport qualité prix !
Article rédigé par Bloblor
Commenter cet article