Développé par MANGLEDmaw Games et publié par DreadXP, Amanda the Adventurer est un jeu d'horreur psychologique qui plonge le joueur dans un univers à la fois familier et inquiétant. À travers des cassettes VHS rappelant les émissions pour enfants des années 90, le jeu exploite un sentiment de nostalgie pour créer une ambiance pesante et perturbante. À la manière de Dora l'Exploratrice ou Les Pierrafeu, Amanda the Adventurer cache derrière ses airs innocents un récit sombre, centré sur des puzzles et des secrets que le joueur doit déchiffrer pour progresser.

L’histoire de Amanda the Adventurer démarre de manière intrigante : le joueur hérite d’une maison, plus précisément de l'attique de sa défunte tante Kate, une bibliothécaire qui enquêtait sur une série de disparitions d'enfants avant de rencontrer une fin mystérieuse. L'attique est encombré de jouets et d’un vieux téléviseur accompagné de plusieurs cassettes VHS marquées du titre de l’émission "Amanda the Adventurer". Ce qui semble au départ être un simple jeu narratif prend rapidement une tournure plus sombre, alors que les cassettes révèlent des éléments sinistres, tant dans leur contenu que dans les comportements d’Amanda, la protagoniste du show pour enfants.

Le joueur doit découvrir les secrets cachés dans les vidéos en résolvant des énigmes et en interagissant avec les objets de l'attique. Plus il progresse, plus il devient évident qu'Amanda n'est pas une simple présentatrice de dessin animé. Le récit, bien que décousu à première vue, raconte finalement une histoire de conspirations familiales, de disparitions d'enfants, et de phénomènes paranormaux. Le joueur est pris au piège dans une enquête qui le pousse à regarder les cassettes encore et encore, pour comprendre tous les tenants et aboutissants. Ce qui est particulièrement captivant, c'est la manière dont le récit est distillé à travers des indices disséminés dans chaque cassette, renforçant l'immersion et la tension à chaque visionnage.

Sur le plan du gameplay, Amanda the Adventurer est un jeu de point-and-click relativement simple. Le joueur explore l'attique en vue à la première personne et interagit avec un nombre limité d’objets : le téléviseur, les cassettes et certains jouets. Les énigmes sont principalement basées sur les cassettes, où Amanda pose des questions auxquelles le joueur doit répondre en tapant des mots ou des chiffres. Si la majorité des réponses semblent évidentes, la véritable tension du jeu réside dans ce qui se passe lorsque le joueur donne des réponses "incorrectes". Amanda devient alors de plus en plus menaçante, et la progression du jeu s’obscurcit au fur et à mesure que ses comportements deviennent de plus en plus imprévisibles.

Les puzzles ne sont généralement pas trop complexes, mais ils demandent une attention particulière aux détails. Des indices sont cachés dans les vidéos elles-mêmes, et il est nécessaire de bien observer pour avancer. Le jeu offre plusieurs fins, ce qui incite à la rejouabilité, et chaque nouvelle partie révèle de nouveaux aspects de l'histoire ou des éléments de gameplay qui n’étaient pas accessibles lors du premier run. Bien que certaines énigmes puissent paraître un peu répétitives, leur connexion avec le mystère sous-jacent et l’évolution des relations entre les personnages, notamment Amanda et son compagnon, le mouton Wooly, les rendent captivantes et offrent une belle profondeur narrative.

Le style graphique de Amanda the Adventurer est un hommage clair aux émissions pour enfants des années 90. Les segments VHS sont intentionnellement réalisés avec une animation de mauvaise qualité, rappelant le style rudimentaire de l'époque, renforçant le sentiment de malaise. Les graphismes sont divisés en deux parties distinctes : les séquences animées des cassettes et les scènes en temps réel dans l'attique. Alors que les cassettes offrent un rendu volontairement grossier pour capturer l’essence d’un show vintage, l'attique, lui, reste sombre et poussiéreux, avec des textures simples mais efficaces pour instaurer une atmosphère claustrophobe et oppressante.

Le contraste entre l’innocence supposée du contenu des cassettes et l’aspect inquiétant de l’attique renforce l’immersion dans ce cauchemar progressif. L'animation d'Amanda elle-même, bien que simpliste, se révèle de plus en plus menaçante à mesure que le joueur désobéit à ses instructions, ce qui participe à l'ambiance horrifique du titre. Quelques subtilités visuelles, telles que des regards perçants d'Amanda directement adressés à la caméra, sont particulièrement troublantes et ajoutent une couche supplémentaire d’angoisse.

La bande sonore d’Amanda the Adventurer est un autre point fort du jeu. Le minimalisme des effets sonores, combiné aux bruits d’ambiance, contribue à créer une tension palpable tout au long de l'expérience. Alors que les cassettes sont accompagnées d’une musique douce et infantile, en parfait décalage avec le contenu sinistre qui s’y dévoile, les moments passés dans l’attique sont marqués par des sons sourds et inquiétants, renforçant l'impression d'isolement et de danger imminent. Le sound design, bien qu’il reste sobre, joue un rôle clé pour maintenir l’immersion et renforcer la paranoïa du joueur.

Amanda the Adventurer est un jeu court, ne nécessitant que quelques heures pour en voir la fin, mais il offre une expérience riche en frissons et en mystères. Avec une esthétique rétro volontairement imparfaite et un gameplay simple mais engageant, il parvient à capturer l’essence des émissions pour enfants des années 90 tout en les subvertissant de manière terrifiante. La rejouabilité, induite par les multiples fins et les énigmes complexes, compense largement la brièveté du jeu. Les fans de jeux d'horreur psychologiques trouveront dans Amanda the Adventurer une expérience unique et perturbante, pleine de secrets à découvrir et de moments de tension mémorables. MANGLEDmaw Games réussit ici à créer une atmosphère à la fois nostalgique et angoissante, qui laisse une impression durable bien après que les cassettes ont cessé de tourner.