J'écrivais combien il était rare que les jeux vidéo s'intéressent au moyen-âge d'extrême orient. Après la Chine médiévale, voici le japon médiéval qui nous plonge au XIIIème siècle dans une guerre impitoyable entre les troupes de fils du cousin de Gengis Khan, l'impressionnant Khotun.

Vous incarnez le dernier des Samouraïs a priori encore en vie sur l'île, Jin Sakaï. Votre objectif est simple, survivre, progresser, explorer et vaincre l'invasion Mongole.

GoT mise assurément sur l'esthétique, sur le réalisme des décors, sur l'atmosphère qui règne sur cette île en proie à la guerre. Ici vous ne trouverez pas de minimap à l'écran. Et je vous avoue que c'est au terme de 18 heures de jeu et après avoir commencé à rédiger le test que je me suis rendue compte qu'il n'y avait pas de minimap... comme quoi on peut très bien faire sans... Ceci étant, rassurez vous, une carte générale existe. Elle se dévoile au fil de vos exploration à la manière d'Assassin's Creed. Le brouillard de guerre s'efface et laisse place à des POI très esthétiques.

L'esthétique... c'est précisément le mot qui revient le plus souvent dans ce jeu au level design exceptionnellement soigné et détaillé. De la faune à la flore en passant par l'agencement rocailleux et les implantations forestières... C'est tout simplement magnifique, mais en plus c'est fait avec une cohérence toute naturelle où l'on s'attend à trouver lacs et promontoires rocheux derrière telle ou telle forêt ou bosquet... Ici, les camps ennemis ne sont pas bêtement posés là dans un souci de progression scénaristique. Les campements et places fortes sont là pour des raisons stratégiques... Les ennemis sont réellement embusqués parce que c'est le meilleur endroit pour être embusqué... Tout ça pour dire qu'il existe une vraie cohérence dans le level design qui, pour une fois, n'est pas au service des développeurs ou de la technique, mais véritablement au service du scénario.

L'environnement est tellement "naturel" que finalement on n'a pas besoin de carte pour se repérer, s'orienter... L'interface épurée tend à renforcer cette expérience immersive incroyable... Pas de flèche, pas de fil d'ariane, pas de point cardinal... Juste une innovation incroyable : Le vent... la nature comme point de repère, comme guide... En effet, le vent est utilisé pour vous indiquer le chemin à suivre (globalement car il faudra tenir compte des éléments de décors)... Mais ce n'est pas tout, vous devrez être vigilant pour trouver des lieux de méditation, de repos, des sources chaudes, des terriers de renard (qui vous conduiront à de autels), suivre les oiseaux... Bref, tout est tellement naturel qu'on le fait instinctivement...

On serait tenté de dire, c'est un simple Assassin's Creed. Eh bien non... tout aussi vaste et riche en contenu que les derniers AC, GoT offre une expérience immersive unique que l'on a perdu depuis bien longtemps dans AC... Tant au niveau de l'histoire qu'au niveau du gameplay. En effet, le gameplay de GoT est lui aussi d'une richesse incroyable... Du tir à l'arc au lancer de couteau en passant par le maniement du sabre vous apprendre de nombreuses techniques, utiles et précieuses selon vos ennemis... Mais plus encore, si vous ne voulez pas suivre la voie du bushido, vous pourrez vous adonner à la furtivité et l'infiltration... Concrètement, soit vous défiez vos ennemis à l'entrée de la place forte dans des duels à la tension extrême, soit vous rentrez en douce, tel un ninja et vous assassinez vos cibles sans bruit. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise solution, juste un contexte stratégique à appréhender. Et faire le choix le plus efficace...

Les rencontres sont exceptionnelles, les personnages tous dotés d'une "gueule" avec un jeu d'acteur incroyable... ce n'est d'ailleurs pas pour rien que le jeu propose une série d'options dès le début pour l'avoir en Japonais, en Français avec ou sans sous titre, avec ou sans filtre... ou... en simplement en mode cinématographique (grésillement sonore et taches sur la pellicule), noir et blanc, japonais, sous titré en français, le mode Kurosawa... Et d'entrée de jeu vous comprenez que l'importance qui a été accordée à la direction artistique. Le mode Kurosawa... on ne pouvait pas faire plus bel hommage à ce réalisateur de génie (d'une autre époque...)...

L'histoire est globalement simple à suivre et ce sont les rencontres des personnages qui donnent encore plus de vie au scénario. Les missions secondaires s'inscrivent tellement naturellement dans la trame principale qu'on n'y voit aucune redondance ni aucune lourdeur (comme les missions pigeon voyageur que j'exècre...). En fait tout est tellement amené avec finesse que vous ne vous sentez pas obligé d'infiltrer un camp pour libérer des prisonniers. C'est naturel... normal, car telle est la voix... du bushido. Et pour moi, contrairement à un Assassin's Creed ou Mad Max, le scénario permet d'éviter la répétitivité...

En réalité, mon seul vrai regret c'est que le Japon entier ne soit pas modélisé ! Oui, carrément... parce qu'on en veut encore plus tellement, c'est beau, poétique, violent, rude... codifié... Ce monde ouvert est un appel à la découverte, tant géographique que culturelle... S'arrêter sur le bord de la route pour regarder le paysage, s'asseoir et méditer ou réfléchir à la composition d'un Haïku ou encore jouer de la flûte sur un promontoire rocheux en observant les nuages... Je regrette simplement qu'on ne puisse pas pêcher comme dans Red Dead Redemption 2.

Côté combat... c'est assez velu on ne va pas se mentir. Les positions sont simple à comprendre, mais les maîtriser c'est une autre histoire. Elle sont au nombre de 4 et s'adaptent comme je l'évoquais aux différentes configurations d'adversaires. Vous pourrez d'ailleurs améliorer votre lame et votre armure ou encore vos arcs en rassemblant les éléments nécessaires et en les apportant aux différents artisans... certaines améliorations ne seront que cosmétiques alors que d'autres seront tout simplement indispensables... Je vous passe tous les boosts qui s'acquièrent par la découverte de sanctuaires, des charmes etc... Vous trouverez des arbres de talents qui ne sont pas sans rappeler ceux de Days Gone et de Horizon Zero Dawn.

Cette référence n'est pas innocente car GoT n'a pas à rougir devant ces mastodontes... Dépaysant, envoutant, fascinant, Ghost of Tsushima s'impose comme le titre de l'été...

Article rédigé par Mlle_Krikri