[Test] Red Dead Redemption 2
Le test sort un peu tard, je reconnais mais d’une part, j’ai reçu le jeu 15 jours après sa sortie et d’autre part je reste fondamentalement persuadée que lorsque l’on doit rendre un test sur un jeu au contenu aussi dense on doit pouvoir au moins justifier d’une bonne vingtaine d’heures de jeu. Eh bien moi je vous propose un test sur la base de 60 heures de jeu.
Red Dead Redemption c’est quoi ?
Red Dead Redemption 2 comme son nom l’indique est la suite de Red Dead Redemption qui était lui-même la suite de Read Dead Revolver. Sortis respectivement sur les deux dernières générations de consoles. Alors plus précisément quand je dis suite… c’est plutôt une préquelle. En effet, Red Dead Redemption commence où finit le 2. Mais qu’importe, ce qui compte c’est ce titre exceptionnel.
C’est avant tout un jeu open world gigantesque dans lequel vous incarnez un cowboy au visage marqué par la vie qui tente, tant bien que mal de survivre avec sa bande de voleurs. Menée par un leader charismatique et quelque peu instable, la communauté vit de menus larcins et doit, régulièrement fuir pour échapper aux autorités et aux chasseurs de prime.
L’histoire est très sérieuse. Elle aborde et retranscrit les difficultés auxquelles ont dû faire face ces figures de l’ouest, héros ou brigands au début du siècle dernier lors de l’arrivée de l’industrialisation sur le nouveau continent. Fin 19ème début 20ème le chemin de fer est partout, les villes se construisent autour de ce gigantesque réseau et peu à peu les campements sauvages disparaissent, les trappeurs se fédèrent et s’installent dans les villes… C’est la fin de la vie d’aventure au profit d’une vie encadrée par la loi et régie quelque peu par le capitalisme.
Non sans humour, d’autres diront que c’est GTA au Far West… C’est pas faux.
Personnages et modélisations
C’est dans ce contexte un peu rugueux que vous allez incarner Arthur Morgan, fils adoptif du chef de gang. Non dépourvu d’une classe certaine vous évoluez dans des décors pour le moins somptueux. La prise en main du jeu, en pleine tempête de neige sans un poil de ralentissement, est à elle seul le témoin du soin qui a été apporté dans la réalisation de ce jeu.
Dans RDR2 vous avez la possibilité de soigner votre look en achetant des tenues complètes, ou de simples vêtements allant des bottes aux chapeaux en passant par les chemises. Vous avez la possibilité d’enregistrer vos tenues personnalisées et d’en emporter 5 sur votre cheval. Quel intérêt ? Déjà avoir la classe c’est important mais vous préserver du mauvais temps ou des fortes chaleurs aussi. Il vous sera quasi obligatoire selon les zones de la carte où vous jouerez de vous changer pour supporter les contraintes climatiques.
Mais plus loin encore, vous avez la possibilité d’avoir un cheval personnalisé (attention, prenez-en vraiment soin car il peut mourir !) avec une crinière et une queue travaillée, tressée, colorée… sans parler de la selle… Et là, c’est un véritable festival de la personnalisation. Difficile de trouver deux selles uniques tellement les choix sont vastes.
Plus vous avancez dans le jeu et plus vous débloquez de possibilités de personnalisations. Cela concerne également les armes qui sans être très nombreuses sont tout de même largement customisables, de la couleur aux gravures en passant par la patine et les motifs.
Eh oui, RDR2 va loin, va très loin… Car ce n’est pas tout, vous devrez également cuisiner, pêcher, boire, manger… vous laver, vous rasez… sous peine de ressembler à Tom Hanks dans seul au monde. Tout ces éléments (sauf peut être la propreté car je n’ai pas vu de changement si ce n’est les quolibets des uns et des autres) sont de nature à influencer votre personnage et ses aptitudes. Vous apprendrez rapidement à repérer ce qui pourra vous être utile pour récupérer un peu de vitalité ou de sang-froid.
Le sang-froid et gameplay
Comme dans le précédent opus, le sang-froid sert à figer le temps à la manière du bullet time de Matrix ou de Max Payne. Il s’agit d’une fonction qui vous permet de résoudre des séquences de combat un peu tendues en logeant chaque balle de vos six-coups dans la tête des mecs en face. Et là le 6 contre 1 délicat dans GTA Online devient un jeu d’enfant ici.
Est-ce vraiment utile ? Objectivement, j’ai terminé le jeu sans réellement l’utiliser car cela reste inhabituel surtout lorsque vous avez quelques milliers d’heures de jeu sur GTA Online. Effectivement, lorsque l’on a pris l’habitude de tirer, se cacher, tirer, se cacher, il est moins automatique d’activer cet effet. Maintenant, je pense qu’il y a une véritable stratégie qui peut être adoptée dans les situations délicates. Mais il faut reconnaitre que le cowboy encaisse bien. On meurt souvent mais souvent bêtement pas comme dans le premier Read Dead Redemption où on pouvait se faire aplatir par l’idiot du village ou se faire exploser la cervelle par un passant qui dégainait plus vite que vous.
D’ailleurs à ce sujet, le système de dégainage a été revu, il y a une meilleure utilisation de la détente droite sans doute liée à des considérations techniques qui aujourd’hui permettent d’avoir une plus grande précision. Le coté progressif étant très important dans certaines scènes. Cela rend les duels bien plus équilibrés et vous évite de rager comme dans RDR où l’incompréhension de l’échec de certains duels clés laissait un arrière-goût d’injustice très désagréable. Ici, c’est terminé.
Ce qui m’amène à un point crucial, la possibilité de passer un check-point trop ardu. Comme par exemple un puma qui vous arrache la tête en surgissant de l’obscurité 5 fois de suite sans que vous ne puissiez le voir… Après un certain nombre d’essais infructueux, le jeu vous propose comme dans le précédent opus la possibilité de passer cette étape comme si vous l’aviez réussie. C’est sympathique et évite de rager inutilement. Bien entendu vous avez toujours la possibilité de rejouer l’histoire et chaque mission depuis un menu. Cela ravira les platineurs fous qui chercheront à terminer le jeu avec toutes les récompenses.
Terminer le jeu… mais comment peut-on terminer le jeu ? Red Dead Redemption 2 est peuplé de missions aléatoires à tous les coins de route… Souvent avec le même début mais une tournure différente… la jeune femme qui vous appelle au secours et vous demande de la raccompagner pourra occasionnellement vous voler votre cheval ou vous entrainer dans un guet-apens… Moralité, vous êtes tellement sollicité que la plupart du temps vous renoncez à suivre les routes pour être un peu tranquille. En d’autres termes, l’univers de Red Dead Redemption 2 en plus d’être gigantesque est vivant.
Il progresse d’ailleurs au fil de l’histoire, quel plaisir de voir les maisons se construire, les villes se développer et évoluer…
Un monde dynamique et gigantesque
Ce qui frappe c’est la richesse des lieux, des décors magnifiques avec des conditions climatiques qui leurs sont propres, neige, montagne, vallées, forêts, marais, sous-bois, désert… Tout y est… Je pense qu’aujourd’hui je peux parler sans spoiler… Mais franchement lorsque j’ai vu que mon curseur allait au-delà de la carte je n’ai eu de cesse que de chercher à explorer cette zone au sud-ouest… et là, j’ai eu une vague d’émotion… Le Ranch des MacFarlane, Armadillo… J’ai presque eu les larmes aux yeux en découvrant ce paysage familier refait pour la NextGen… Quelle surprise…
Sans compter de la richesse de la faune et de la flore qui sont deux composantes essentielles du jeu. Comme je l’expliquais, il est nécessaire de s’alimenter mais aussi de nourrir son cheval, aussi, vous devrez parcourir les zones de jeu en quête de nourriture (sous réserve de vouloir vous ruiner chez l’épicier du coin…) de peaux. Vous pourrez même vous adonner à quelques chasses d’animaux légendaires où la traque sera plus poussée, plus sensible…
En outre, la collecte de peaux parfaites (niveau de qualité le plus élevé) vous permettra de débloquer des tenues originales (moches mais originales) auprès des trappeurs.
Cependant, je tiens à vous prévenir, le dépeçage est très bien fait… moins sanglant que dans le premier, il n’en demeure pas moins réaliste. Tout comme les animaux qu’il vous faudra parfois achever… Je ne vous cache pas que je m’en suis voulue d’avoir tirer sur mon premier daim… Et j’ai chialié comme une madeleine à deux reprises… la première à la mort de mon cheval que j’ai été obligée d’achever et l’autre… je ne vous en dirais pas plus…
Emotion quand tu nous tiens…
Je dois dire que l’immersion dans ce monde un peu brutal et très viril m’a laissée un peu de marbre au début… puis, l’apparition de personnages féminins fort m’a fait oublier l’impossibilité de choisir le sexe de son héros… Mais c’est au fil de la progression que je me suis rendue compte du travail colossal qui a été fait pour faire vivre l’émotion au joueur, l’impliquer émotionnellement dans ce qui se passe.
Sincèrement, ça m’a gonflée de devoir jouer un criminel, de devoir payer continuellement pour effacer mes primes et pouvoir jouer sereinement et ainsi profiter de ce monde ouvert très riche (et m’adonner au craft). Mais je n’avais pas immédiatement compris que cela faisait partie de cette mise en scène qui cherche à vous vous faire sentir comme un étranger dans ce monde en mutation. C’est une question de survie et cela finit par vous prendre aux tripes.
Plus vous avancerez dans le scénario et plus vous ressentirez cette piqure qui vous rappelle que vous devrez tôt ou tard rentrer dans le rang car sinon cela ne finira pas bien… Là, je ne spoilerai pas, mais croyez-moi, persistez allez jusqu’au bout de ce titre, allez au-delà de ce qui semble être la fin pour découvrir cet épilogue magnifique qui donne tout son sens au titre du jeu et à sa suite. Je vous jure, j’ai pleuré devant mon écran.
Est-ce que tout est dit ?
Bien sur que non, car la carte fourmille de défis certains amusants d’autres complexes, mais tous agrémentent cette histoire passionnante car la trame scénaristique de fond est particulièrement bien ficelée. Pas besoin d’avoir joué le premier Red Dead Redemption pour s’immerger dans ce monde mais j’avoue que cela rend l’intrigue encore plus passionnante.
Et je ne vous parle pas de la bande son… J’ai toujours en tête l’excellent « Unshaken » qui vous laissera sans voix durant toute cette chevauchée solitaire. Et c’est sans parler de « That’s The Way It Is » qui comme « Unshaken » vient à un moment charnière du scénario. Poignant, touchant, enivrant, excitant… Read Dead Redemption 2 vous prend aux tripes.
Maintenant, il manque quelque chose… la romance. Rockstar nous avait habitués à des rencards ou même à l’acquisition immobilière, ici, rien… on reste un peu sur sa faim, pas possible de draguer dans ce jeu, même quand vraisemblablement une prostituée vous propose de vous assister dans votre toilette. Avec Red Dead Redemption 2 les développeurs semblent vouloir faire passer le message qu’ils savent faire autre chose que des jeux mettant à mal la morale chrétienne de la classe moyenne bien-pensante… (Ouais, je sais c’est de la prov’ j’arrête).
Et le mode Online ?
Actuellement en version bêta, le mode en ligne vous permet d’évoluer dans ce monde ouvert avec quasiment toutes les activités du mode histoire. La seule différence c’est que vous n’êtes pas seuls et que vous pouvez jouer avec vos potes… sous réserve que le jeu ne plante pas.
En effet, il y a encore beaucoup de crash pour l’instant et c’est plutôt agaçant de perdre ses gains ou ses découvertes suite à un crash. Je vous recommande d’attendre un peu avant de vous lancer.
Quant à la communauté, il semblerait que l’état d’esprit soit un peu différent que celui qui règne dans GTA Online, ici, on vous salut d’abord et on vous flingue ensuite.
En conclusion
Rockstar prend le temps et ça se sent. Lorsqu’un jeu sort avec aussi peu ou pas de bugs on se doit de le savourez en retour avec une certaine délectation. Red Dead Redemption 2 est un délice, qui joue sur les sens, sur l’émotion, sur la passion… C’est un titre à pleurer, de joie, de tristesse, d’émerveillement. Bravo.
Article rédigé par Mlle_Krikri
Commenter cet article