Dès les premières minutes de jeu, Snoopy & The Great Mystery Club impose un ton à la fois doux et bienveillant. Tout dans sa direction artistique évoque la simplicité apaisante de l’univers des Peanuts : des couleurs pastel, des formes arrondies, un dessin clair et lisible. Le joueur retrouve l’esprit des bandes dessinées de Charles M. Schulz, sans tentative de modernisation forcée. Snoopy, fidèle à lui-même, troque sa niche contre un chapeau de détective et s’entoure de ses amis pour résoudre une série de petits mystères du quotidien. Rien de spectaculaire ni d’épique ici : le jeu se déroule dans un quartier paisible où les plus grands drames tiennent à un cerf-volant coincé dans un arbre ou à une rumeur exagérée qui circule parmi les enfants. Ce choix assumé d’un ton modeste est en réalité la clé de son charme.

Le jeu prend la forme d’une succession d’enquêtes que l’on résout une à une, chacune centrée sur un incident ou une curiosité locale. Chaque affaire est structurée de manière limpide : une introduction qui présente la situation, une phase d’exploration dans différents lieux familiers, la recherche d’indices et, enfin, une résolution qui ramène l’équilibre au sein du petit monde des Peanuts. L’ensemble se déroule avec une fluidité exemplaire. Les transitions entre les zones sont rapides, les dialogues concis et les interactions intuitives. On se déplace librement dans des environnements en trois dimensions, mais sans la lourdeur d’un monde ouvert ; il s’agit plutôt d’un enchaînement d’espaces compacts, conçus pour être explorés sereinement.

L’un des éléments marquants du jeu réside dans la possibilité de constituer son propre club d’enquêteurs. Snoopy n’est jamais seul : il choisit trois compagnons parmi ses amis, chacun possédant une petite particularité qui influence subtilement l’approche des situations. Certaines scènes demandent davantage d’observation, d’autres un bon sens du timing ou une capacité à dialoguer avec persuasion. Ce système de groupe ne transforme pas le jeu en stratégie complexe, mais il introduit une légère dynamique de complémentarité qui encourage à varier les compositions et à mieux connaître les personnalités de chacun. On retrouve ainsi Lucy et sa détermination, Charlie Brown et son sens du devoir, Peppermint Patty et sa spontanéité, ou encore Marcie, calme et méthodique. Ce mélange donne vie au récit et renforce la cohésion du club, sans jamais tomber dans la surenchère de fonctionnalités.

Le cœur ludique de Snoopy & The Great Mystery Club repose sur une alternance maîtrisée entre exploration et mini-jeux. Chaque enquête comprend plusieurs épreuves qui ponctuent la progression et servent à illustrer les différentes facettes de la vie du quartier. Les activités sont variées : jeux d’adresse, de mémoire, de rythme ou de coordination. Le jeu n’impose pas de grande difficulté ; tout est pensé pour rester fluide, compréhensible et plaisant, même pour un public jeune. Pourtant, il parvient à maintenir l’attention grâce à un dosage intelligent de la difficulté. Les mini-jeux disposent de plusieurs niveaux de réglage et gagnent en intensité à mesure que l’on avance, offrant ainsi une courbe d’apprentissage naturelle. Cette approche graduelle renforce la satisfaction du joueur sans jamais créer de frustration.

Visuellement, le jeu séduit par son élégance discrète. Les environnements reprennent les lieux emblématiques des Peanuts : la maison de Charlie Brown, l’école, le terrain de baseball, le fameux arbre mangeur de cerfs-volants. Tout est rendu avec une simplicité graphique qui respire la sincérité. Loin des effets spectaculaires, la réalisation préfère miser sur la cohérence esthétique et sur le charme du trait original. Les personnages sont expressifs, animés avec délicatesse, et leurs mouvements trahissent une vraie attention au détail. Snoopy conserve sa nonchalance typique, tandis que Lucy affiche sa mine boudeuse et que Woodstock virevolte joyeusement dans les airs. Les décors, baignés d’une lumière douce, évoquent un après-midi d’été sans urgence, où chaque pas semble accompagner le rythme lent d’un quartier tranquille.

La musique joue un rôle essentiel dans cette atmosphère. Elle s’appuie sur des motifs légers, souvent au piano ou à la guitare, qui rappellent les compositions jazzy des dessins animés des années 1960. Les thèmes sonores accompagnent la progression sans jamais la dominer. On entend le bruissement des arbres, les pas dans l’herbe, le bourdonnement d’une mouche ou le rire d’un personnage au loin. Tout concourt à créer un sentiment de sérénité. Il s’agit d’un jeu qui ne cherche pas à provoquer l’excitation, mais plutôt à inviter le joueur à la curiosité tranquille et à la contemplation active.

Sur le plan narratif, Snoopy & The Great Mystery Club assume pleinement sa simplicité. Les dialogues sont courts, empreints d’humour et de tendresse. Chaque mystère se conclut par une petite morale implicite : l’importance de la coopération, la valeur de la patience, la nécessité d’écouter les autres avant de juger. Le jeu ne donne pas de leçon, mais il suggère des valeurs positives. Cette écriture, sans cynisme, tranche avec beaucoup de productions modernes. On retrouve la philosophie Schultz : derrière la naïveté apparente, une sincérité désarmante qui rend les personnages humains et accessibles. Snoopy, en particulier, incarne à merveille cette légèreté ironique qui a toujours fait sa force : il observe, s’amuse, rêve, mais reste toujours le centre de gravité émotionnel du groupe.

La prise en main, quant à elle, est d’une grande souplesse. Les contrôles sont réduits à l’essentiel, permettant une appropriation immédiate par des enfants. L’interface, claire et épurée, affiche les objectifs avec sobriété. Les indices sont mis en évidence visuellement sans qu’il soit nécessaire d’inspecter chaque pixel. Le jeu s’efforce de maintenir un flux continu : aucun temps mort, aucun détour inutile. L’aventure se déroule sans accroc, portée par un rythme qui alterne calmement entre phases d’enquête et moments de jeu actif. C’est cette régularité qui lui donne un vrai pouvoir relaxant.

Le titre n’a pas vocation à défier les joueurs chevronnés. Son objectif n’est pas de tester les limites de la logique ou de la déduction, mais d’offrir une expérience accessible à tous. Pour ceux qui recherchent un défi intellectuel exigeant, le jeu semblera parfois trop évident. Pourtant, c’est précisément dans cette accessibilité qu’il excelle. Il s’adresse à un public familial, à ceux qui souhaitent partager une activité commune sans barrière de compétence. Jouer à Snoopy & The Great Mystery Club, c’est accepter de ralentir, de retrouver une forme de simplicité ludique oubliée. Le plaisir ne vient pas du dépassement de soi, mais du confort d’un univers accueillant.

Ce qui marque le plus après plusieurs heures de jeu, c’est la cohérence entre fond et forme. Tout concourt à transmettre une émotion de tranquillité et de bienveillance. Le scénario, les personnages, la musique et le gameplay partagent un même rythme, une même modestie. C’est un jeu qui se savoure à petites doses, comme on feuillette un album illustré. Il ne cherche jamais à surprendre ou à choquer ; il préfère la constance du ton et la sincérité de l’intention. C’est cette cohérence qui le rend attachant. Même si les mécaniques sont simples, elles sont toujours justes. Rien ne semble gratuit ou forcé.

Lorsqu’on atteint la fin des enquêtes principales, on réalise que l’essentiel n’était pas tant dans la résolution des mystères que dans le voyage lui-même. Le plaisir vient du temps passé avec Snoopy et ses amis, de la redécouverte de leur univers, et du sentiment de calme que le jeu dégage. Il n’a pas besoin d’une narration dramatique ni d’un gameplay complexe pour convaincre. Il s’impose comme une expérience douce, presque méditative, qui prône la curiosité et l’esprit d’équipe. Dans un paysage vidéoludique saturé d’intensité, il offre un rare moment de respiration.

En conclusion, Snoopy & The Great Mystery Club est un jeu sincère, cohérent et touchant. Sa modestie fait sa force. Il s’adresse à celles et ceux qui souhaitent s’évader dans un monde léger, où la gentillesse prime sur la compétition et où la curiosité se transforme en moteur du jeu. Ce n’est pas un titre destiné à impressionner, mais un espace à habiter, un moment de détente à partager. Il se vit davantage comme une balade que comme un défi. Et dans ce registre, il réussit parfaitement ce qu’il entreprend : offrir une parenthèse de douceur, fidèle à l’esprit intemporel des Peanuts.