[Test] Age of Empire II : Definitive Edition

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[Test] Age of Empire II : Definitive Edition

Il est des jeux qui traversent les âges comme les civilisations qu’ils dépeignent. Des titres qui, loin de s’éroder avec le temps, gagnent en noblesse à mesure que les générations passent. Age of Empires II appartient à cette caste rare, presque aristocratique, de chefs-d’œuvre intemporels.

Vingt-cinq ans après son sacre initial, le voici qui fait halte sur PlayStation 5, paré des atours de la Definitive Edition, version déjà vénérée sur PC. Et moi, stratège de toujours, amoureuse d’histoire et d’épopées numériques, je me suis replongée dans cette fresque grandiose avec un frisson au creux de l’échine, comme une érudite qui retrouve un parchemin précieux.

[Test] Age of Empire II : Definitive Edition

Il faut remonter aux derniers souffles du XXe siècle pour entendre le premier tambour de guerre de cette saga. Age of Empires II, alors développé par Ensemble Studios, offrait aux joueurs un champ de bataille mondial, traversant le Moyen Âge comme on traverse une épopée. Le jeu proposait non seulement de bâtir des empires, mais aussi de comprendre les rouages économiques, militaires et culturels qui en faisaient la grandeur… ou la chute. Et le fin du fin c'était la possibilité de créer ses propres scénarios sans aucune limite avec ses héros personnalisés. C'était la grande époque du jeu en réseau où chacun venait avec sa bécane (ouais, j’ai dis bécane) pour jouer en LAN !

En 2019 est ressortie la Definitive Edition. Un hommage vibrant, remasterisé, généreux, qui a enrichi l’expérience de textures en 4K, d’une bande-son entièrement réorchestrée, et de dizaines de campagnes historiques. Mais il restait un rêve à accomplir : faire entrer cet empire sur le territoire des consoles. Après l’escale réussie sur Xbox, c’est aujourd’hui la PS5 qui ouvre ses portes. Et je peux l’affirmer sans détour : jamais les manettes n’ont aussi bien tenu les rênes du destin.

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Là où d’autres titres se contentent de dérouler quelques heures d’histoire, Age of Empires II ouvre une bibliothèque entière. Imaginez trente-trois campagnes, autant d’épopées disséminées à travers les siècles. Vlad l’Empaleur, Jeanne d’Arc, Gengis Khan, Saladin, les Trois Royaumes chinois... Chaque scénario est une fresque qui mêle pédagogie et émotion, récit et défi. Mais ce n’est là qu’un “détail”. Le jeu propose aussi des batailles historiques fidèlement reconstituées, un mode coopératif, des escarmouches personnalisables à l’envi, des défis tactiques et bien sûr, un multijoueur en ligne fluide et robuste, enrichi d’un cross-play complet avec les versions Xbox et PC.

Ce que j’ai préféré ? La campagne de Liu Bei, figure tragique et noble de Romance des Trois Royaumes (livre et jeux). Une narration limpide, des enjeux stratégiques profonds, et une immersion saisissante. J’y ai perdu la notion du temps, comme un général pris dans les tourments de la guerre.

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Les graphismes, me direz-vous, sont-ils à la hauteur de la légende ? La réponse est oui. Mais pas par une surenchère de pixels ou un détails clinquant inutiles, mais par la subtilité d’une 2D repensée. Age of Empires II: DE ne cherche pas à rivaliser avec la 3D photoréaliste ; il assume sa vision picturale et lui donne un éclat nouveau. Les bâtiments s’embrasent, s’effondrent avec une chorégraphie dramatique ; les soldats s’animent avec précision, les paysages respirent.

J’ai été touchée par la beauté sobre de ces décors. Il y a là quelque chose d’intemporel, comme un manuscrit enluminé qu’on redécouvre sous une lumière neuve. Peut-être de la nostalgie… Certes, certains éléments trahissent leur âge, les menus notamment, mais le cœur du tableau reste intact : noble et vivant.

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Si l’histoire a une voix, elle chante dans Age of Empires II. La bande-son remasterisée est une réussite magistrale. Chaque civilisation possède ses propres motifs musicaux, du luth médiéval aux percussions orientales. C’est une immersion auditive douce et profonde, qui jamais ne sature, toujours accompagne. Mais ce qui m’a conquise, c’est l’attention au détail : pouvoir choisir une ambiance par peuple, entendre la musique évoluer au fil des âges, ou simplement retrouver ces thèmes que j’avais oubliés… et qui m’ont émue comme une vieille lettre retrouvée dans une malle.

Le plus grand défi, celui qui m’inquiétait, c’était l’adaptation à la manette. Comment transposer la complexité d’un RTS, genre historiquement lié au clavier-souris, sur une DualSense ? La réponse : avec intelligence, élégance et respect du joueur. Menus circulaires, raccourcis contextuels, priorisation des villageois, sélection intuitive de groupes… Tout a été pensé pour rendre la stratégie lisible, fluide, agréable. Mieux encore : les commandes ne sont pas un frein, mais un levier. Je n’ai pas seulement joué : j’ai commandé, dirigé, improvisé.

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Le moment qui m’a le plus marquée ? Quand, en plein siège de mon château, j’ai pu basculer en un clin d’œil d’un groupe de cavaliers à mes trébuchets, pendant que mes villageois reconstruisaient les murs. Une valse tactique, rythmée, exaltante.

Face à la production actuelle, Age of Empires II pourrait sembler daté. Et pourtant, il reste un mètre étalon. Plus riche que Company of Heroes, moins figé que Total War, plus profond que Halo Wars, il occupe une niche royale : celle du jeu de stratégie lent, réfléchi, organique. Il ne cherche pas la frénésie, mais l’équilibre ; il ne flatte pas, il enseigne. Là où tant de jeux misent sur le spectaculaire, Age of Empires II rappelle que la tension naît d’un moulin à grain attaqué, d’une réserve d’or asséchée, d’un roi isolé. C’est un RTS à visage humain, où chaque paysan compte, chaque choix laisse une trace.

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Age of Empires II: Definitive Edition sur PlayStation 5 n’est pas qu’un simple portage. C’est une célébration, un hommage, une renaissance. Il ne cherche pas à moderniser, mais à faire dialoguer passé et présent, clavier et manette, stratégie et émotion. Et je trouve chouette de le voir ressortir sur PS5 au moment où refait son apparition Age of Mythology avec lequel il y a tellement de similitudes dans le plaisir de jouer.

Objectivement, c’est l’un des RTS les plus complets, stables et accessibles jamais portés sur console. Subjectivement, c’est un trésor, une madeleine, un poème stratégique.

Article rédigé par Mlle_Krikri

 



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