[Test] The Thaumaturge
The Thaumaturge était passé dans mon radar il y a plusieurs mois à l’occasion d’une présentation privée de certains titres à venir… J’avais noté ça dans un coin du cerveau de ma tête.
J’avais été surtout marquée par le système de combat au tour par tour qui semblait particulièrement intéressant malgré le peu que j’avais vu. Sa sortie toute récente est l’occasion de revenir sur ce jeu qui prend le meilleur de certains titres en les adaptant au service d’un gameplay qui sort des sentiers battus.
The Thaumaturge est un jeu qui nous plonge dans la Pologne du début du XXème siècle. Je ne m’avance pas trop sur la date parce que j’ai trouvé des incohérences historiques qui peuvent ne pas en être. En effet, dans les propos d’un personnage (Raspoutine), il est fait mention d'évènements liés à la Première Guerre Mondiale (Assassinat de l’Archiduc François-Ferdinand) alors que l’histoire est censée se passer en 1905… Pour autant lorsque l’on connait un peu le personnage cela pourrait être volontaire… Donc ne jetons pas de pierre à ce titre magnifique pour de mauvaises raisons.
Bref, on suit les aventures de Wiktor Szulski, un Thaumaturge, un détective du surnaturel dans une Varsovie divisée entre l’Allemagne, la Pologne et la Russie. Il s’agit d’un jeu en 3D isométrique à la Baldur’s Gate (d’origine) dont la finesse esthétique n’a d'égale que sa richesse textuelle. Alors comprenons nous bien, le jeu est traduit en français à l'écran. Il y a des petites coquilles, il y a des à-peu-prismes, lié à des faux-amis de la langue française. Mais par contre, le contenu textuel, (les indices, des éléments de contexte, des journaux…) est d’une telle richesse qu’on peut passer des heures et des heures à lire et découvrir l’histoire de Varsovie à cette période. J’ai beaucoup aimé découvrir (certains des) différents quartiers de la ville de Varsovie. Il y a beaucoup de choses à voir, lire et ressentir.
Ressentir. Oui parce que c’est que fait le Thaumaturge. Il sonde les esprits en quelques sortes, il discute et se bat avec des créatures d’autres plans qui apparaissent dans notre monde par le biais de failles… des failles créées par des humains en peine, en détresse ou chargés de haine. Le travail de Wiktor est de débarrasser les humains de ces démons qui leur pourrissent la vie, en les influençant… en leur faisant commettre même l’irréparable… Le jeu est assez sombre, assez sanglant… mais pas forcément gore. Les démons sont impressionnants et pas forcément toujours faciles à affronter.
Le jeu se présente comme une véritable enquête surnaturelle sur la mort du père de Wiktor et on découvre en plus de l’intrigue familiale plusieurs intrications très bien ficelée où vos choix influent sur le dénouement final. On y rencontre des personnages qui sont loin d'être clichés, contre qu’il vous pourrez (ou non) prendre partie et qui viendront plus tard en renfort (ou pas) dans certaines scènes. Ces personnages sont quasi tous ambigües, à la personnalité duale, dont les bons ou mauvais côtés ressortent plus ou moins en fonction de vos propos ou de vos actes.
Le déroulé du temps est important, vous pouvez passer à côté de nombreuses missions de cette manière… Et passé à côté de créatures à capturer… En effet, la capture des démons est importante car elle va être le fondement de votre pouvoir. Sinon vous ne pourrez pas débloquer les 4 arbres de compétence dans leur totalité. Ceci étant ce n’est pas obligatoire car vous pouvez terminer le jeu sans cela… Mais il y a un certain challenge à y arriver. D’autant que plus les branches de chaque arbre sont débloquées plus votre score dans les dialogues est important (façon Fallout ou Elder Scroll) et plus vos chances de réussites sont élevées. Dans les cas les plus difficiles certaines options pourront vous être fermées.
Bref, il faut tout faire et s’attarder sur les petits éléments d’intrigue qui semblent anodins. Car derrière peut se cacher une mission très importante qui va vous permettre de débloquer les Salutors, les fameux démons qui sortent des failles… Comme je l’expliquais, c’est très important de les débloquer car cela permet d’ouvrir les arbres de compétences et d’obtenir moyennant quelques points des bonus supplémentaires, en plus du niveau de maitrise de la branche débloquée… Mais ce n’est pas tout car les Salutors sont des atouts considérables en combat.
Plus vous aurez de démons asservis avec vous en combat et plus vous serez apte à réagir face à la variété d’ennemis qui s’opposeront à vous… Le combat est une chose assez complexe à appréhender. Je ne suis d’ailleurs pas certaine d’avoir mesurée toute leur finesse. Il s’agit d’un combat au tour par tour avec des barres de progression qui donnent l’ordre de frappe des uns et des autres. Vous êtes accompagné de votre Salutor ainsi que parfois d’un acolyte selon les missions. Mais vous ne contrôlerez que votre démons et Wiktor. Les attaques se débloquent avec la progression dans l’histoire et dans les niveaux. C’est à dire que plus vous débloquerez vos arbres de talents et plus vous aurez de possibilité. Sachant qu’en plus vous pourrez personnaliser les attaques en définissant le deuxième effet Kiss Cool, comme des DOT ou des HOT… Le but final étant de mettre la santé des adversaires à zéro.
Mais parfois (et 90% du temps) le ou les adversaires seront protégés par un buff qui les rendra quasi insensible aux attaques de Wiktor. Il faudra les débuff via le bon Salutor… d’où l’intérêt de les collectionner… Mais globalement on arrive presque toujours à s’en sortir. J’ai échoué sur plusieurs combats faute d’une bonne stratégie mais on arrive à force de persévérance. A noter également la présence d’un niveau de “moral” ? J’ai du mal à qualifier cette jauge, elle assure à votre personnage de garder toute sa force d’âme, toute sa foi en quelque sorte même si le mot n’est pas le plus adapté. Lorsque les éléments constitutifs de cette jauge sont consommé, Wiktor est extrêmement vulnérable pour ne pas dire mort… Pour les ennemis, c’est différent, cela débloque des attaques dévastatrices tant pour Wiktor que pour le Salutor qu’il emploie… Toutes les attaques sont animées et je ne peux pas m’empêcher de penser aux invocations de FF7 (original). On se régale, c’est violent, on croirait du Lovecraft…
Le gameplay est plaisant même si je reconnais ne pas avoir tout maitrisé dans les combats et pas (encore) capturé tous les Salutors. Car même si l’on trouve en cherchant bien, cela reste difficile de faire des choix tranchés et de priver certaines personnes de leur démon qui est un moteur dans leur vie… L’histoire est véritablement bien ficelée. Les choix ne sont pas si évident et vous noterez que l’humilité n’est pas toujours la meilleure option… vous noterez également que certains choix seront déchirants quelle que soit votre position morale… Tout cela vous conduira à une dizaine de fins alternative plus ou moins différentes, violentes, bonnes ou mauvaises… Et même là, cela dépendra grandement de votre propre positionnement moral.
L’ambiance musicale est assez discrète. Par contre l’ambiance sonore globale est très réussie. J’ai été émerveillée par le niveau de détail des maps dans lesquelles on se déplace. On bénéficie d’une très grande liberté et on n’arrête pas de découvrir de nouvelles choses même si nous n’avons pas forcément besoin d’aller dans tel ou tel quartier. Par contre, comme je l'évoquais, ce sont des missions temporaires (le journal de quête le précise bien) si vous ne les accomplissez pas rapidement, elles peuvent disparaitre au fil de l’avancée de l’histoire globale… (c’est d’ailleurs ce qui fait que vous pouvez passer à côté de certains Salutors).
J’ai mis un point d’honneur à terminer The Thaumaturge avant de rendre l’article. J’ai passé plus de 30 heures à explorer Varsovie et j’en suis à 75 % de progression à mon sens. Il s’agit d’un jeu riche, profond et complexe qui régalera tous les amateurs de RPG/Aventures et les fans de paranormal. J’ai adoré la profondeur des personnages, l’ambiguïté de Raspoutine et les dilemmes qui parsèment l’enquête de Wiktor sur la mort de son père. Vraiment un jeu fabuleux dont j’espère rapidement une suite.
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