[Test] Judgment
Judgment est un jeu à la troisième personne qui vous met dans la peau de Yagami, un ancien avocat devenu détective privé suite à une affaire qui a mal tourné. Héros tourmenté, Yagami est confronté son passé tout au long de cette histoire que je ne vous dévoilerai pas. En effet, tout, jusqu'au chapitre 13 est imbriqué, intriqué, lié pour former un tout cohérent, plein de surprises et de rebondissement. Dès lors, il serait vraiment dommage de vous dévoiler des éléments de l'histoire au delà du chapitre premier. Comme je l'évoquais, Judgment vous mets dans la peau d'un homme d'une trentaine d'années, plutôt beau gosse selon les codes japonais et particulièrement grand. Vous l'aurez deviné, le jeu prend place dans un Japon contemporain où honneur, yakuzas et justice se heurtent régulièrement.
Le concept est intéressant, on alterne des phases d'enquête, de combats, de plaidoirie au tribunal et de déplacements urbains (à pieds ou en taxi). A l'inverse d'un GTA, on ne conduit pas directement de véhicule. Les seules que l'on prend (dans la gueule) ce sont vélos, scooters et motos... et éventuellement les taxis pour se rendre dans des zones extérieurs (Commissariat par exemple...)
On pourrait regretter l'absence de localisation en français des dialogues mais au regard de la quantité d’échantillonnage audio que cela représente, le jeu ferait à n'en pas douter plusieurs centaines de Go en plus... Mais rassurez vous, il est intégralement traduit via les sous titre. Cependant, vous aurez le choix entre sélectionner des voix anglaises ou laisser les voix originales japonaises (meilleure option à mon sens). Cela participe de l'immersion globale du jeu... D'ailleurs je tiens à souligner la quasi perfection des traductions/adaptations... je n'ai relevé qu'une seule faute d'accord dans toutes ces lignes de sous-titres... une seule.
Pour information, Kamurocho n'existe pas réellement. Ce quartier chaud de Tokyo n'est qu'une représentation fictive de Kabukicho (le vrai quartier chaud de Tokyo). Il a été créé par SEGA pour la série Yakuza. Judgment n'est pas un opus de la série Yakuza en tant que tel toutefois on sent bien l'inspiration en filigrane. Est-ce lié au succès mitigé du dernier opus ? Possible. Je serais tentée de faire un parallèle osé avec Assassin's Creed III et Black Flag pour ceux qui connaissent.
Bref, l'ambiance est véritablement réussie, on s'y croirait et l'ambiance sonore colle tellement bien avec les graphismes et les interprétations des personnages ! C'est une pure merveille. Mais il convient d'ajouter que la mise en scène y est aussi pour quelque chose. On pourra être surpris par certaines cinématiques qui s'intègrent (cependant parfaitement) dans l'action, dans les combats dans les dialogues avec des postures typiquement nippones. On s'y croirait absolument !
Il faut dire que les graphismes sont à la hauteur. Je reste toujours perturbée par le finesse des graphismes des jeux japonais. Que ce soit sur les modélisation de personnages ou purement au niveau du level design.
J'ai adoré la modélisation des boutiques qui sont très typiques, du bar à sushi au café en passant par les salles d'arcade (et ça, franchement, ça me rend toute chose !)... Tout y est... dans les moindres détails. J'ai adoré la reprise des Astro City pour ceux qui connaissent... Et pour précision, sachez que les jeux des bornes d'arcade sont vraiment jouables ! C'est énorme... Je passerais sur les clandés et autres lieux de perdition comme les bars à hôtesses... on regretterait presque l'absence d'un vrai club de striptease... Les expressions faciales de peur ou d'exaspération des piétons sont très bien faites. Cependant on regrettera la difficulté de faire sourire Yagami sur les selfies... Ceci étant, les modélisations faciales sont somptueuses, chaque personnage (autre que piéton) a une représentation unique. Tout comme sa personnalité, vous vous en rendrez compte lors des séances de sim-dating mais je vous laisse découvrir cette partie du jeu.
La carte est assez vaste sans pour autant être immense. Il faut environ deux minutes pour traverser la carte de part en part donc ce n'est pas énorme. Les déplacement sont comme la plupart des RPG associé au déclenchement d'un "pop" d'ennemis. Cela permet de pexer pour faire évoluer rapidement ses aptitudes au combat en début de jeu. Par la suite cela devient plus difficile. Sachez d'ailleurs à ce sujet que vous ne pourrez sans doute pas tout développer lors de votre première partie. Dès lors, deux stratégies s'opposent soit vous épargnez vos points pour mettre dans les dégâts de vos attaques, la rapidité et votre barre de vie, soit vous apprenez toutes les compétences annexes et les combos de combat. Bref en résumé soit vous apprenez à taper comme une brute soit vous apprenez à jouer avec vos proies en favorisant l'apprentissage d'attaques particulièrement stylées. Les deux stratégies se valent et aucune de prévaut sur l'autre, tout est question d'affinité et de choix de votre propre gameplay, c'est très appréciable.
Je parlais de la carte, vous pouvez y accéder de deux façons, soit directement soit par votre smartphone. Ce dernier vous permettra de gérer vos compétences, prendre des photos, envoyer des SMS (pour vos rancards) sauvegarder, activer votre drone et faire du crowdfunding qui vous permettra de débloquer des bonus sympas. Il y a d'autres fonctionnalités annexes que je vous laisse découvrir mais il y a surtout la possibilité de compulser l'ensemble des pièces de l'enquête.
J'évoquais un peu plus haut le fait de prendre des taxis pour se rendre dans des lieux non modélisés sur la carte. Dans certains cas, cela se limite à une salle (de réunion, d'interrogatoire, d'audience... et d'autres choses que je ne peux pas dévoiler pour ne pas gâcher le plaisir). On pourrait à première vue regretter que ces lieux ne soient pas intégrés à la carte. Mais c'est au fil de l'histoire et de retours sur ces lieux que l'on comprend pourquoi, car vous pourrez en explorer la plupart, et certains sont très vastes... C'est l'avancée dans le scénario qui vous conduira à explorer ces lieux.
Ce qui m'amène à évoquer cette histoire extraordinaire. Séparé en 12 (+1) chapitre le scénario vous fait vivre une histoire assez bien ficelée qui mériterait d'être portée à l'écran tellement la mise en scène est digne d'un John Woo. On imaginerait volontiers croiser des acteurs tels Takeshi Kitano à chaque coin de rue.
Autant être clair, je n'ai pas le droit de vous en parler et pourtant ce n'est pas l'envie qui m'en manque. Tout ce que je peux vous dire c'est que l'histoire est extrêmement bien ficelée. Et pas cousue de fil blanc... On va de rebondissement en rebondissement.
L'alternance entre les différentes phases de jeu permet de faire monter la mayonnaise. Je m'explique. Tout est graduel et progressif, ce qui fait que les filatures, les collectes de preuves, les témoignages vont, vous permettre d’échafauder des théories et d'identifier des coupables potentiels et forger ainsi votre intime conviction. Ce qui pourra peut être vous conduire sur une appréciation erronée et des rebondissements étonnants. Les plus perspicaces se douteront de certaines choses, cependant croyez moi sur parole, la progression scénaristique ne peut en aucun cas vous laisser percevoir ce qui se passera au dernier chapitre ! Un pur bonheur de narration.
Basé sur des enquêtes, le jeu permet donc de constituer des éléments de preuves, de rassembler des témoignages... Les dossiers sont très détaillés, même s'il n'y a pas trop de littérature. Vous trouverez de nombreuses pièces à convictions témoignages et descriptions de personnages. Il vous vaudra mémoriser certains de ces éléments (généralement les derniers ajouts sont écrits en jaune) pour les avancer comme preuves dans certains dialogues. Faute de quoi vous risquez d'avancer des preuves erronées ou de lancer des accusations sans fondement. Et là, c'est le drame. Non, rien de dramatique vous ne gagnerez simplement pas de bonus d'xp. Cela ne bouleversera pas l'histoire comme dans un Ace Attorney, cependant sachez que vous ne pourrez pas consulter vos dossiers lors des phases de dialogue, c'est à dire que vous devrez uniquement compter sur votre mémoire. Mais comme je l'évoquais, la pénalité est minime, le plus pénible sera, dans certains chapitres de recommencer tout votre argumentaire jusqu'à sortir les preuves ad'hoc.
Comme j'étais très impatiente d'avancer dans l'histoire, j'ai mis de côté pas mal de missions et activités annexes (du moins, je ne les ai pas terminées). Mais sachez que vous pouvez malgré les appels urgents ou les situations potentiellement critiques prendre votre temps et conduire à bien d'autres enquêtes. C'est d'ailleurs un conseil que je vous donne. En effet, l'argent ne pousse pas dans les arbres et je n'ai pas trouvé de moyen facile de se remplir les poches... On vous proposera certaines activités renouvelables à l'infini mais peu lucrative. Quant aux enquêtes et missions confiées à droite à gauche elles rapporte beaucoup mais restent en nombre limité. De fait, ne gaspillez pas votre argent inutilement... Il est à noter que certaines enquêtes répondent à des prérequis (d'autres enquêtes précédentes, un certain niveau de réputation dans la ville, un nombre d'amis particulier...). Il vous faudra donc conduire d'autres actions et activités pour arriver à les débloquer.
En jouant à Judgment vous ne savez pas où vous mettez les pieds, mais croyez moi ce sera souvent dans la gueule ! Et oui, au japon tout le monde fait du Kung-fu c'est bien connu c'est obligatoire ! Yagami va tout au long de l'histoire être confronté à de nombreux ennemis que ce soit lors d'affrontements scénarisés ou lors d'attaques de petites frappes durant vos pérégrinations citadines.
Pour vous défendre vous aurez à votre disposition vos pieds et vos poings ainsi que tout élément de décor qui s'y prête... pancarte, fauteuil, vélo, téléviseurs et... occasionnellement quelques armes que laisseraient à terre vos ennemis. Car dans Judgment, vous n'avez pas d'autre arme que vous ! Ce qui peut rendre les choses assez délicate car les ennemis sont de plus en plus nombreux et de plus en plus forts au fil du scénario.
Les combats se dérouleront de manière différente selon l'option de difficulté choisie au début du jeu. Je tiens à vous avertir avant, faites ce choix avec prudence car il vous privera de certains trophées (liés à la difficulté) et aussi un peu du plaisir d'exécuter des combos dévastatrices. Le mode de je le plus facile ne vous demandera que de presser une seule touche en combat (Carré sur PS4) pour exécuter les combos au petit bonheur la chance. En gros on se contente de regarder les cinématiques se déclencher. Certes, ce n'est pas désagréable mais cela reste un peu frustrant de ne pas avoir de réel contrôle sur les combos que vous devrez apprendre au fil de l'histoire.
Construit comme un RPG, Judgment vous permet de développer 3 arbres de compétences sur Yagami. Deux sont génériques, l'un recense les compétences générales tandis que l'autre regroupe des compétences "bonus" qui améliorent l'expérience de jeu sans pour autant constituer des codes de triche, ce sont de véritables facilités qui qui ne sont pas indispensables en soi. Par contre, le dernier arbre est capital puisqu'il va rassembler tout ce qui touche à votre style de combat. C'est à dire vos deux postures de Kung Fu à savoir la posture du tigre (combat 1vs1) ou la posture du cygne (combat de groupe).
Certaines aptitudes se débloquent au fur et à mesure de votre avancée dans les chapitres, d'autres s'achètent, d'autres se découvrent par-ci par-là et d'autres un peu plus "collectors" doivent se gagner grâce à des missions annexes. A l'instar d'un GTA, Judgment dispose de nombreuses missions et activités annexes vous permettant de faire un peu de sim-dating, d'aller jouer aux fléchettes, au casino, au majhong... d'aller manger dans des restaurants, picoler dans des bars... faire du shopping pour votre chérie... bref, il y a vraiment de quoi tuer le temps. Et pour gagner quelques Yens et points d'expérience vous devrez entre deux phases scénaristiques travailler soit pour le barman du coin (qui vous rapportera des potins intéressants) soit pour un cabinet d'avocats (pour rassembler des preuves dans des affaires délicates) soit pour votre propre compte (à votre agence de détective). Ce sera l'occasion de rencontrer des personnages attachants, profonds et pour la plupart récurrents. Certains seront romançables avec le temps. Il existe d'autres menus job que je ne vous détaille pas (comme serrurier...) et qui apporte un charme et un réalisme supplémentaire à cette histoire très prenante.
Oui, je dis prenante, car sans compter les missions annexes, il ne vous faudra pas moins de 48 heures pour venir à bout des 13 chapitres. Une fois l'histoire terminée, un mode "Aventure premium" apparaît. Il vous permet de recommencer à jouer (soit depuis zéro soit avec votre sauvegarde) sans être "parasité" par le scénario principal. C'est à dire, jouer Yagami en tant que détective privé. Le challenge est intéressant pour tout ceux qui aimeraient platiner le jeu plus facilement. Globalement comptez une centaine d'heures de jeu pour venir à bout de Judgment en en profitant à fond. Certes il est pourrait être terminé avant en passant tous les dialogues mais à quoi bon ? ;-)
Ensuite, je voudrais quand même signaler qu'à l'heure où j'écris ces lignes, je n'ai décelé aucun bug et que, toujours à l'heure ou j'écris ces lignes le jeu est en version 1.0... Bravo SEGA ! On regrettera simplement deux choses très perturbantes... La brutale transition lorsque vous entrez dans un trigger qui déclenche un écran noir sans aucun indicateur de chargement. Certes cela ne dure qu'une à deux secondes mais on a toujours l'impression que le jeu freeze... et la seconde chose concerne des écrans de chargements impromptus en plein dialogues. Une fois terminé vous comprenez que vous avez changé de lieux mais c'est toujours très perturbant.
Le jeu est doté d'un système de réputation qui augmente à chaque fois que vous aidez quelqu'un, que vous mangez dans un restaurant (et que vous résolvez le problème d'un client/du restaurateur ou d'un de ses employés). Toutes ces histoires sont différentes et variées. Le niveau de réputation est plafonné à 50, sachez qu'en jouant normalement, je suis arrivé jusqu'à 30. Grace au mode Aventure Premium, je vais poursuivre l'évolution afin de débloquer toutes les missions et activités du jeu.
En outre, il y a avec la réputation des gains chez certains "artisans". Vous rencontrerez donc des PNJ très intéressants qui dans un premier temps vous rendront des services, puis vous vendront des objets précieux (comme les trousses de soins ou les potions) permettant d'améliorer vos performances au combat. A noter que les "boosts" ne seront pas véritablement utiles (ou ne produiront pas 'effets notables) si vous jouez dans un mode de difficulté le plus bas. A vous d'évaluer la jauge du plaisir de joueur... Enfin, si votre réputation le permet vous pourrez également apprendre à fabriquer ces objets, pour ce faire, il vous faudra collecter des items aux quatre coins de la carte. Ces items serviront pour les potions mais aussi pour votre drone (mais je vous laisse découvrir cette partie très sympathique).
Je reviens rapidement sur les combats et les trousses de soins. Je ne vous dirai pas où les trouver, cela fait partie du plaisir de joueur mais sachez qu'il faudra vous en préoccuper très rapidement. En effet, s'il est possible de récupérer sa santé en mangeant, écoutant de la musique au bureau (me demandez pas pourquoi...) ou en se reposant, vous ne pourrez pas guérir vos blessures critiques matérialisées par une barre rouge bornée de chaines réduisant ainsi votre barre de santé. Ces blessures sont occasionnée par des tirs d'armes à feu, certaines armes blanches et des attaques critiques des boss et midboss qui rentrent en mode berserk, un peu comme lorsque vous activez votre "spécial"... Seule option, esquiver les attaques ou taper plus vite et plus fort avant que l'adversaire ne frappe. Il existe des attaques qui interrompent le "spécial" de l'ennemi. Très efficace sur les attaques de corps à corps, cela reste très aléatoire face à des armes à distance.
Judgment est un jeu à apprécier dans sa globalité, c'est à dire une fois les 48 heures d'histoire principale éclusées. Les chapitres sont de durées véritablement inégales, certains vont vous tenir occupés pendant 1 heures d'autres pendants 15 heures. De fait, il y aura des lenteurs, mais ce sont des lenteurs voulues pour le bien de la mise en scène.
Il ne faut donc pas lier l'avancement des chapitres à un pourcentage d'avancement dans la trame scénaristique. Il s'agit véritablement d'une oeuvre, à mi-chemin entre le cinéma de Hong Kong et le film noir des années 50. Bercé dans l'univers des Yakuzas vous ne pourez qu'être émerveillé par ce dépaysement.
Faut-il aimer ou connaitre la franchise Yakuza pour apprécier Judgment ? Assurément non ! Par contre, je ne vous cacherais pas que j'ai beaucoup apprécié la partie "Ace Attorney" (avec les nombreux clins d’œil "Objection"). Ce que j'ai adoré également ce sont ces nombreuses activités annexes allant du sim-dating à la course de drones en passant par la serrurerie...
Judgment est un jeu véritablement prenant avec un vrai contenu. De nombreux DLC (sauf erreur de ma part) gratuits sont en préparations. J'ai pu apercevoir certains d'entre eux, essentiellement cosmétiques d'ailleurs). On sent bien le potentiel de l'après jeu se développer malgré l'absence de mode online. Objectivement, c'est un des jeux sur lesquels j'aurais passé le plus d'heures en 2019. Assurément un hit, dépaysant, prenant et immersif enveloppé d'un scénario digne d'une grosse production cinématographique).
Je pense avoir tout dit sur ce jeu plein de charme et particulièrement immersif. J'ai pris beaucoup de plaisir à suivre cette enquête (je le redis encore) extrêmement bien ficelée. Bien évidemment, au bout de 48 heures de jeu, vous n'aurez pas forcément envie de recommencer l'histoire. Ainsi, l'existence du mode Premium prend tout son sens... En terminant cet article, j'ai dépassé les 60 heures et je n'ai qu'une envie c'est de rendre honneur à ce titre d'exception en le platinant !
Article rédigé par Mlle_Krikri
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